Lundi dernier, Alexandre de Moraes, un juge de la Cour suprême brésilienne, a pris une décision audacieuse : l’ex-président Jair Bolsonaro se voit assigné à résidence. Cette mesure fait suite à des messages publiés par son entourage sur les réseaux sociaux pendant des manifestations qui ont eu lieu un jour précédemment dans tout le pays.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le climat est tendu au Brésil. En effet, à partir du 4 août, Bolsonaro, qui a déjà des restrictions de communication à cause d’une enquête le concernant, doit rester chez lui les nuits et les weekends. De plus, il lui est formellement interdit de s’exprimer sur les réseaux sociaux, que ce soit directement ou via d’autres personnes.
Le juge Moraes rapporte dans un document judiciaire que l’ancien président a enfreint plusieurs fois les conditions posées à son mouvement. Selon lui, les interventions en soutien à Bolsonaro lors des manifestations dominicales ont été relayées par divers membres de son camp sur les réseaux sociaux.
À 70 ans, Bolsonaro, visé par une enquête pour obstruction dans le cadre d’un procès contre lui pour avoir tenté de renverser le gouvernement, est sous surveillance stricte. Ce bracelet électronique qu’il a reçu fait maintenant partie de son quotidien. L’utilisation de son téléphone, qu’il s’agisse du sien ou de matériels physiques appartenant à d’autres, a également été prohibée. Seules les visites de ses avocats sont autorisées.
Des tensions grandissantes avec les États-Unis
La tournure qu’a pris cette situation judiciaire de Bolsonaro exacerbe les tensions entre le Brésil et les États-Unis. Le 30 juillet, des sanctions financières ont été imposées par le département américain du Trésor ciblant le juge Moraes. Le même jour, l’ancien président Donald Trump a qualifié cette situation de ‘chasse aux sorcières’, en réponse à laquelle il a annoncé une hausse tarifaire de 50 % sur certains produits brésiliens exportés vers les États-Unis, entrée en vigueur le 6 août prochain.
En évoquant ces nouvelles restrictions, le juge Moraes a déclaré : « La justice est aveugle, mais pas sotte ». D’après lui, tout accusé qui ne respecte pas intentionnellement les règlements qu’on lui impose doit faire face à des conséquences judiciaires.
Un échange téléphonique entre Bolsonaro et son fils, le sénateur Flavio Bolsonaro, a été particulièrement pointé du doigt, car celui-ci a eu lieu alors que Flavio se trouvait sur une estrade face aux milliers de manifestants en soutien à son père à Rio de Janeiro.
Il est à noter que Bolsonaro est en procès à la Cour suprême pour une tentative de coup d’État qui a pour but de rester au pouvoir malgré sa défaite face à Luiz Inácio Lula da Silva aux élections de 2022. Déjà considéré comme inéligible jusqu’en 2030 pour avoir distillé des informations fausses sur le système de vote électronique, il court le risque de se voir infliger jusqu’à 40 ans de prison à l’issue de son procès, qui approche à grands pas.
Source : AFP
