Le 6 août 2025, l’Espagne a pris une décision précise : laisser de côté l’achat des avions de chasse F-35 Lightning II. Ce projet était budgeté à recouvrer pas moins de 6,25 milliards d’euros, une somme collossal allouée dans le cadre du plan de défense approuvé en 2023. Pourquoi ce revirement ? Cela s’inscrit dans un rééquilibrage stratégique et financier clair, révélant les changements dans les priorités militaires de l’Espagne.
Mise en pause. Pourquoi ? Les raisons
Initialement, 6,25 milliards d’euros étaient prévus pour l’acquisition de jusqu’à 50 F-35 auprès de Lockheed Martin, comme l’a rapporté Reuters. Pourtant, le programme de défense 2025 vise à engager 10,5 milliards d’euros, visant à atteindre une dépense représentant 2 % du PIB sans jamais dépasser 5 %. L’État espagnol a donc choisi de créer un cadre favorisant 85 % des fonds pour des projets européens, rendant l’achat du F-35—un avion défini comme « 100 % américain »—incompatible, comme l’indique OPEXNews.
Répercussions sur la Marine et l’Armée de l’air
La décision d’annuler l’achat des F-35 signifie que la Marine perd son futur successeur aux Harrier AV-8B. Le porte-avions Juan Carlos I sera désormais limité au service des hélicoptères tant qu’un nouveau bâtiment adapté à des jets tels que le Rafale ne sera pas mis en service.
Côté aérien, on comptait sur le F-35A comme solution temporaire, en attendant l’émergence du SCAF (Système de Combat Aérien du Futur) qui ne verra le jour qu’entre 2040 et 2045. Ce projet est maintenant abandonné au profit d’initiatives européennes Halcón I et II, avec déjà 45 Eurofighter et un budget atteint de 6,6 milliards d’euros, le but étant de posséder 115 avions d’ici 2035. Une lettre a été envoyée au secrétaire général de l’OTAN, solicitant une exemption par rapport à cet objectif, montrant que 2,1 % suffisent pour respecter les engagements de Madrid, affirme Reuters.
Options européennes : une nouvelle direction vers les Rafale, Eurofighter ou Gripen
Actuellement, Madrid envisage de se tourner vers le Rafale F5 produit par Dassault, qui pourrait mieux convenir au Juan Carlos I, conforme aux standards de l’OTAN et surtout, permettant de réduire la dépendance technologique aux États-Unis. De plus, le FCAS bénéficiera d’un investissement de 2,5 milliards d’euros d’ici 2029, dirigé par Indra.
En somme, cette décision de suspendre l’achat des F-35 marque un choix stratégique fort pour l’Espagne. Prioriser le développement et la stabilité budgétaire à travers une industrie européenne autonome est désormais le mot d’ordre, tout en s’efforçant d’éviter un lien trop fort avec les États-Unis. La Marine espagnole fait face à un défi tempérant la capacité d’aviation embarquée, mais l’Espagne s’investit décidément dans des plateformes européennes, qu’elles soient éprouvées ou en voie de développement, tout en respectant ses promesses de consacrer 2 % du PIB à l’OTAN.
