Des températures caniculaires, une sensation de chaleur étouffante, et même la moindre activité fait perler la sueur sur les fronts… C’est un été typique qui ne fait que se répéter. Avec le changement climatique, chaque été semble désormais marqué par une vague de chaleur, comme on le constate depuis 2017, avec seulement l’été 2021 doué d’une relative clémence. On ne peut s’empêcher de poser une question chaque année : est-ce que l’été est en train de devenir notre saison la plus éprouvante? Les températures qui passaient pour inusitées il y a seulement quinze ans sont maintenant notre quotidien estival. Chaque été, on casse des records sans arrêt, et l’été 2025 ne fait pas exception, avec sa seconde vague de chaleur à partir du 8 août (dépassant les seuils départementaux sur plus de trois jours). Ce phénomène qui devient presque normal à ce stade cache une réalité : au XXe siècle, la France a connu seulement 17 vagues de chaleur entre 1947 et 2000, contre 34 aujourd’hui !
« Localement, surtout dans le sud-ouest, nous sommes en plein épisode historique », explique Françoise Gourand, expert chez Météo-France. « À Toulouse, il y a près d’une semaine que les températures sont restées au-dessus de 35 °C et frôlent les 40 °C depuis lundi. Bien qu’une légère amélioration soit attendue, il faudra rester vigilant, car les températures pourraient atteindre de nouveau les 40 °C ce week-end. » Un indice de comparable à la canicule de 2003 qui avait duré du 4 au 13 août. « L’essentiel c’est que cette année, le nord du pays se trouve épargné», poursuit l’expert.
Cette hausse des températures est dû à la montée des hautes pressions sur l’ensemble de l’ouest de l’Europe depuis le week-end. « Ces systèmes de haute pression favorisent une météo chaude et sèche », ajoute Françoise Gourand. « L’air est comprimé et retombe comme une coulée de chaleur. Récemment, ce phénomène s’est allié à l’ancienne tempête tropicale Dexter qui a circulé sur l’Atlantique et a fait remonter de l’air chaud sur le pays. » Toujours grâce à la dynamique des courants atmosphériques, une bouffée d’air brûlant en provenance d’Afrique du Nord et d’Espagne a envahi notre Europe, provoquant ces températures accablantes.
Des températures records
De nombreux records de chaleur ont été enregistrés lundi dans le Sud-Ouest, like 41,6 °C à Bordeaux et même 42,1 °C à Bergerac. Ce mercredi, la vigilance rouge canicule est activée dans 14 départements du Sud-Ouest et du Centre-Est, même si on prévoit que les températures baisseront légèrement. En revanche, une remontée des températures dans le Nord-Est avec des pics prévus à 40 °C en Bourgogne et à 35-36 °C à Paris est à prévoir. Ainsi, l’alerte orange concernera 64 départements, une grande partie de notre territoire, en laissant de côté la Bretagne, la Normandie et la Loire.
Il convient aussi de rappeler qu’une vague de chaleur d’une durée exceptionnelle, touchant 16 jours s’était déjà profilée en juin dernier. C’était la troisième plus longue depuis juillet 2006 et juillet 1983, bien que celles-ci soient moins intenses. « Les événements que nous vivons cette année interpellent par leur longueur, » analyse Françoise Gourand. « Bien que cet épisode ne devrait pas atteindre seize jours, on observe tout de même un phénomène plus durable et intense. Les journées sont très chaudes, alors que les nuits restent éprouvantes à quelques bombardements avec des températures, par exemple à Nice qui n’est pas descendue sous 28,7 °C cette nuit dernière ! »
Ces chaleurs extatiques pourraient en plus engendrer des orages sporadiques, mais là encore, ce ne serait pas suffisant pour faire chuter la chaleur. « On prévoit de la dégradation ce mercredi à l’ouest du pays », conclut Françoise Gourand. « En premier lieu près de l’océan, puis en grimpant vers le nord durant la journée. Toutefois, même l’air assaini par ces orages n’apportera qu’une légère différence. Ce phénomène pourrait être localement violent, mais ne présentera pas une forte déferlante. Les températures resteront majoritairement élevées. »
Une réalité qui tend à s’aggraver
Il est difficile de prévoir si cet épisode sera le dernier de l’été ou si d’autres vagues de chaleur viendront toucher notre paysage en septembre, comme en 2022. « Si la vague de chaleur se termine comme prévue, en début de semaine prochaine, cette chaleur extrême s’estompera lentement mais ne disparaîtra pas. Elle pourrait rester relativement proche, et si un anticyclone s’installe début septembre, attendons-nous à des températures effroyables. Mais pour l’instant, nous ne pouvons rien dire. » On ne s’attendait guère à ce que la vague de chaleur de juin soit appellant à une série de semaines plus fraîches et humides par la suite.
Néanmoins, les spécialistes tablent sur la persistance des phénomènes climatiques extrêmes et leur agression croissante, aux impacts de plus en plus sévères sûrement dus au réchauffement climatique. Les épisodes caniculaires deviennent de plus en plus brûlants et malheureusement peuvent aussi promouvoir des incendies plus fréquents. Un incendie monument ou surnommé historique a embrasé une zone de 16 000 hectares en Aude a finalement été maîtrisé dimanche après trois jours d’efforts continuels. La vigilance reste un principe cardinal partout en France pour éventuellement éviter d’autres réactivations. Et la France ne fait immanquablement pas figure d’exception : toute l’Europe est mise sous pression de cette canicule, avec une flambée des incendies notamment en péninsule ibérique, Italie et Balkans inclus. D’ailleurs, au Royaume-Uni, l’agence britannique de l’environnement a officiellement classé la pénurie d’eau en Angleterre comme une question d’importance nationale, étant attribuable aux six premiers mois de l’année, qui ont été les plus secs depuis 1976.
