Le RN et son échec à profiter des résultats des législatives de 2024

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Marine Le Pen et Jordan Bardella photographiés à Marseille le 3 mars (illustration)
Marine Le Pen et Jordan Bardella, incapables de bénéficier de leur score impressionnant lors des législatives de 2024.

POLITIQUE – Matignon semblait tout proche. Après un super résultat aux européennes (31,3%), et l’avance dans tous les sondages, Jordan Bardella s’imaginait déjà en tant que 27e Premier ministre de la Ve République. Le 30 juin 2024, le soir du premier tour des élections législatives, il monte à la tribune, souriant : son parti, le Rassemblement national, mène dans 297 circonscriptions sur 577. Les espoirs de récolter une majorité absolue étaient bien là.

Mais le 7 juillet, c’est la décision brutale : bien qu’elle dispose de la plus grande force, la formation d’extrême droite se retrouve en troisième position, derrière le Nouveau Front populaire et le « bloc central ». Les médias parlent d’« défaite », un terme que Marine Le Pen refuse de cautionner, exhortant ses partisans à ne pas se laisser enfermer dans ce récit. Un an après, le calme est revenu, et même si le RN a commencé un certain travail de rajeunissement de son image, analyse des raisons de son échec reste compliquée.

Retailleau n’a pas digéré launanête décision du Conseil constitutionnel sur la rétention.

Des candidats douteux, affichant des antécédents de démolitions antisymétiques, racistes et homophobes, ont joué un rôle clé dans l’élection des Français. Pléthores d’articles explorant le passé douteux de ces candidats embarrassants ont inondé la presse. Pendant la période entre les tours, Jordan Bardella a dû admettre certaines « erreurs », évoquant des délais très serrés pour investir 577 personnes, limitant les profils problématiques à quelques « brebis galeuses ». « Quiconque exprime des opinions qui ne correspondent pas à ma vision sera mis à la porte », assurait-il trois jours avant un deuxième tour fatal.

Quoi de neuf dans le grand ménage ?

En septembre 2024, la réorganisation du parti a en effet donné lieu à une véritable « purge », selon Le Monde. De nombreux anciens candidats, représentants locaux et cadres départementaux ont été convoqués au siège du RN avant d’être remerciés. Le passé Front national est-il lorsqu’au cas où une dissolution surviendrait, prêt à positionner des candidats dans chaque circonscription ? « Le parti ne s’est pas vraiment attelé au nettoyage promis », note Libération, soulignant qu’une large majorité des anciens candidats problématiques ne se sont pas éloignés du RN et continuent d’y exercer des responsabilités.

Depuis maintenant un an, Marine Le Pen semble déterminée à renouveler la structure centralisée du parti. « Le RN a toujours été fortement centralisé. Tout provient de la direction. Ce schéma ne peut plus fonctionner face à la bulle de croissance électorale que nous traversons », a-t-elle déclaré à l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles en 2024.

Une autre barrière pour Jordan Bardella pour Matignon : la sous-estimation du front républicain. Au RN, personne ne s’attendait à ce que les voix du NFP se réorientent aussi facilement vers Élisabeth Borne ou Gérald Darmanin, malgré leur mauvaise image auprès des électeurs de gauche. À l’inverse, que des électeurs macronistes se déplaceraient pour La France insoumise.

Un sondage d’Ipsos a montré que 72 % des électeurs du NFP ont choisi un candidat du « bloc central » lors du deuxième tour, face à un candidat RN. […] Les enjeux se complexifient particulièrement à travers ces nouvelles convergences.

Des positions déconnectées

À ce jour, le constats tourne : le tournant est-il encore croustillant à vive l’extrême droite ? Il s’avère assez incertain, considérant qu’une notable portion du centre et de la droite se sent maintenant ancrée auprès la certitude que les Insoumis en donnent autant de soucis, si ce n’est plus. « Imaginent-ils que Horizons, LR, le MoDem, l’UDI voteront pour un front républicain avec LFI, qui aura disqualifié ses excès ?», a de son côté relayé le chef de file centriste au Sénat, Hervé Marseille, évoquant l’impossibilité de ce rapprochement mexorahs.

Un autre point de tension pour le RN : ses lignes floues. Pour plaire aux milieux d’affaires et en même temps aux préoccupations d’une électorat populaire, Marine Le Pen et Jordan Bardella semblent prêts à tout. Tout récemment, leurs mises en scènes avec lesquelles ils aborde la loi Duplomb illustrent un sentiment d’angoisse.

Il semble qu’ils fonctionneraient avec distance en chais, se ridiculiser afin de séduire à la fois des acteurs économiques et un électorat populaire, comme celle que représente Marine Le Pen, élue à Hénin-Beaumont.

Mais ce grand écart ne peut durer indéfiniment. Par conséquent, ce dernier a été forcé d’abandonner sa promesse phare d’abaisser la TVA sur l’électricité et le gaz cet hiver, une décision qui lui coûte cher, signalant ainsi son adoption avec les cercles pro-business au détriment de ses préoccupations populaires.

La condamnation de Marine Le Pen ne fait qu’ajouter aux troubles

La stratégie de respectabilité au RN a aussi été entachée par le tremblement révélateur de mars. En ce jour, Marine Le Pen a été condamnée pour détournement de fonds publics avec une peine d’inéligibilité influencée qui pourrait compliquer sa participation à la présidence de 2027. Enjaillé par slogan proche à exploiter un « tête haute, mains propres », le Rassemblement national lui, apparait comme un parti « comme les autres », mettant de côté l’indignation par rapport au système politique.
D’après un sondage réalisé par Cluster17, 61 % des Français en accordaient un avis positif sur la décision du tribunal de Paris.

Si Emmanuel Macron décidait de dissoudre l’Assemblée nationale dans les semaines naviguant, Marine Le Pen ne pourrait pas se représenter non plus et elle perdrait ainsi son poste de députée dans le Pas-de-Calais. Un tour de piste à couper le souffle qui compliquerait encore davantage la situation de l’ancienne candidate présidentielle.

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