Ce dimanche, les Moldaves ont clairement fait leur choix en votant massivement pour le parti pro-européen PAS aux législatives, malgré la menace pesante de la Russie. Lors d’une conférence de presse, Maia Sandu, la présidente, a affirmé que ce suffrage représentait « un mandat solide pour avancer dans l’adhésion à l’UE ».

« Nous avons prouvé au monde entier que nous avons du courage et de la dignité, et que nous ne nous laissons pas intimider », a-t-elle ajouté, faisant référence à des accusations portant sur une ingérence russe durant ces élections.

De son côté, Igor Grosu, le chef du PAS, s’est réjoui de cette victoire, remerciant les électeurs pour leur confiance. « Grâce à vous, nous avons acquis une majorité parlementaire pro-européenne, ce qui est incroyable après une lutte aussi difficile », a-t-il déclaré.

Depuis 2021, le PAS gouverne cette petite nation d’Europe de l’Est, qui partage ses frontières avec l’Ukraine et la Roumanie. Avec un score de 50,20 % des voix selon les résultats officiels, le parti semble bien parti pour conserver sa majorité, avec la possibilité de gagner jusqu’à 55 sièges sur 101.

Le PAS devance son concurrent principal, le Bloc patriotique prorusse, qui a obtenu 24,17 % des suffrages. Un de ses leaders, l’ancien président Igor Dodon, a déjà appelé à des manifestations dans la capitale, Chișinău.

Des citoyens soulagés

À Chișinău, la réaction des citoyens a été majoritairement positive. Natalia Tagirta, une femme au foyer de 42 ans, a partagé son soulagement : « Après une longue campagne, nous pouvons enfin respirer librement, et je suis convaincue que, grâce à notre gouvernement actuel, la Moldavie rejoindra l’Union européenne. »

« Chaque matin, c’est un vrai plaisir de se réveiller dans une Moldavie qui avance d’aujourd’hui vers la paix, le développement et la stabilité », a-t-elle poursuivi. Un jeune professionnel de 25 ans, Nadir Grinco, a ajouté qu’il envisageait de quitter le pays en cas de victoire des prorusses.

À l’inverse, une retraitée de 75 ans, Liuba Peribicovski, a exprimé son mécontentement face aux résultats, estimant qu’ils ne sont pas satisfaisants et qu’il est essentiel de prouver les ingérences russes.

Sur la scène internationale, Antonio Costa, président du Conseil européen, a salué ce choix clair des électeurs moldaves, qui privilégient démocratie et réforme face aux pressions russes. Emmanuel Macron a également souligné que ce vote montre un fort choix des Moldaves, malgré les tentatives d’ingérence.

D’autre part, Moscou a démenti toute idée d’interférence dans ce processus électoral, tandis que l’opposition, proche de la Russie, a accusé le PAS de manipulation.

Andrei Curararu, analyste au sein de WatchDog, estime que le Kremlin ne s’est pas encore résigné et pourrait recourir à différentes stratégies pour perturber la formation d’un gouvernement stable pro-européen.

Prochaines étapes légales

Igor Dodon, qui a d’abord revendiqué la victoire, a annoncé avoir déposé plusieurs plaintes auprès de la Commission électorale. Il a indiqué que selon leur réponse, d’autres mesures juridiques pourraient être envisagées après son appel à manifester devant le parlement.

Un groupe de 200 manifestants a fait entendre des slogans tels que « Liberté » et « Moldavie », mais ils se sont rapidement dispersés sans adresse à la presse.

Environ 52,17 % des électeurs ont pris part à ce scrutin hautement significatif, où l’enjeu dépassait de simples élections actuarial et concernait plutôt l’orientation future du pays entre l’Europe et la Russie. Le taux de participation reste légèrement en baisse par rapport aux 52,3 % observés lors des précédentes législatives de 2021, et cela malgré l’enjeu amplifié de ces élections.

En 2021, le PAS avait remporté 52,8 % des voix, donc cette fois, il est parvenu à minimiser son recul aux urnes en dépit des difficultés économiques actuelles. Près de vingt partis et candidats indépendants étaient en lice dans cette ancienne république soviétique, qui compte environ 2,4 millions d’habitants, sans oublier les demandes de participation de sa large diaspora, qui a joué un rôle clé lors de la réélection de Maia Sandu en 2024.