Les larmes et la reconnaissance pour Robert Badinter au Panthéon

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Dès le début d’après-midi, la rue Soufflot dans le Ve arrondissement de Paris s’est transformée en un véritable lieu de recueillement pour honorer la mémoire de Robert Badinter. Lorsque le corbillard, provenant du cimetière de Bagneux où il a été inhumé jusqu’à présent, est arrivé près du jardin du Luxembourg, un frémissement palpable s’est emparé de la foule. Les gens murmuraient, se serraient les coudes et, dans un moment solennel, les porteurs revêtus de noir ont acheminé le cercueil vers un promontoire blanc. L’image du défunt, bras croisés, se dressait face au Panthéon dans une simplicité touchante. C’est là qu’il reposera dans le caveau des révolutionnaires, aux côtés de Condorcet, qu’il admirait tant. Pour l’heure, le cercueil est exposé une dernière fois au regard de tous.

Peu après, sous la majestueuse nef du Panthéon, le lieu a accueilli une multitude de personnalités en vue, du monde politique et culturel, qui se sont rassemblées pour rendre ce dernier hommage. Les anciens Premiers ministres, parmi lesquels Michel Barnier, François Bayrou et Sébastien Lecornu, arpentaient les lieux avec aisance. Sébastien Lecornu, en démissionnant, a accompagné le président Emmanuel Macron pour écouter la Marseillaise, interprétée par la garde Républicaine. Le temps s’est suspendu alors que des hommages furent rendus, avec des lectures des discours de Badinter réalisées par Guillaume Gallienne et une prestation musicale de Julien Clerc interprétant L’assassin assassiné.

« Un hommage nécessaire en ces temps troublés »

Parmi la foule compacte, Aline tenait la main de sa fille de 8 ans, fascinées par ce moment solennel. « J’ai commencé à pleurer dès ce matin », confie-t-elle, visiblement émue par le parcours de cet homme d’État qui a mené le combat contre la peine de mort. En désignant une citation gravée, elle explique à son enfant : « La mémoire est un combat. » A leurs côtés, quatre lycéennes piégées par l’attroupement ne pouvaient quitter les lieux en raison de l’interruption des transports. « Est-ce qu’Emmanuel Macron va porter le cercueil ? » demande l’une d’elles, provoquant des rires parmi ses camarades : « Non, il n’a pas assez de forces ! »

Emmanuel Macron avec Elisabeth Badinter au Panthéon.
Emmanuel Macron en compagnie d’Elisabeth Badinter au Panthéon.

Louise et May, deux étudiantes de 19 ans, étaient également présentes, animées par leur admiration pour Badinter. « Il était le parrain de notre double licence. C’est bien qu’il soit au Panthéon, ça met en avant des personnalités qui méritent reconnaissance, surtout en ce moment », affirment-elles avec enthousiasme. Alex, un guide conférencier, جاءa s’émerveiller devant ce « petit nouveau ». Évoquant le monument, il déclare : « C’est un honneur que la République rend à ses grands hommes, c’est un symbole de valeurs qui devraient être éternelles. Ce lieu est sacré, où chacune de ces personnes a sa place. » Cependant, il ne cache pas son regret qu’un hommage similaire n’ait pas été accordé à Gisèle Halimi ou Olympe de Gouges, permettant de diversifier les figures mises à l’honneur.

« Les âmes ici vivent encore »

Le crépuscule touchait à peine le Panthéon lorsque le cercueil a franchi le seuil du temple, porté par la garde républicaine tandis qu’un silence empreint de respect enveloppait l’assemblée. Les applaudissements étaient timides, quelques larmes témoignaient du désarroi présent. Au rythme de Lascia ch’io pianga de Georg Friedrich Haendel, le cercueil a trouvé sa place centrale, en présence d’Elisabeth Badinter et du Président de la République, présent au premier rang.

Emmanuel Macron lors de la cérémonie au Panthéon, le 10 octobre 2025.
Emmanuel Macron lors de la cérémonie engagée au Panthéon, le 10 octobre 2025.

Dans un ultime discours touchant, Emmanuel Macron a rendu hommage à ce protagoniste né durant les bouleversements des années 20, en évoquant l’ascendant qu’il a eu sur les consciences. « Les âmes présentes ici nous entendent. Robert Badinter entre au Panthéon avec les valeurs des Lumières et l’héritage du mouvement de 1789, infusé de principes de l’État de droit auxquels nous sommes profondément attachés. Sa voix se fait toujours entendre à travers le temps », a-t-il précisé solennellement.

Mis à jour à 20h30 suite au discours d’Emmanuel Macron.

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