Pour John Martinis, reconnu pour ses travaux en informatique quantique, la nouvelle génération de scientifiques a le potentiel d’accélérer de manière significative les avancées dans ce domaine, si elle collabore avec cohérence et réalisme.
En tant que pionnier dans l’informatique quantique et membre de l’équipe lauréate du prix Nobel de physique 2025, John Martinis est une personnalité clé de la physique contemporaine.
Il a mené la célèbre expérience de « suprématie quantique » pour Google, prouvant qu’un ordinateur quantique pouvait réaliser des calculs impossibles pour les ordinateurs classiques en un temps record.
De la théorie à la pratique
Dans une interview avec le service grec d’Euronews, Martinis a partagé son parcours, les avancées actuelles de la recherche et les défis qui attendent les chercheurs de demain.
« Réfléchir au prix Nobel, l’expérience que nous avons réalisée s’est déroulée dans les années 1980, et maintenant, quarante ans se sont écoulés, c’est fascinant de voir que nous pouvons désormais concevoir des ordinateurs quantiques capables d’effectuer des calculs universitaires », a-t-il assuré.
« Aujourd’hui, nous avons atteint un point où nous pouvons exécuter des algorithmes simples et en comprendre le fonctionnement et la programmation », ajoute-t-il.
L’essor de la technologie quantique a été jalonné d’embûches. Chaque phase, de la physique théorique des années 80 aux premiers prototypes expérimentaux du XXIe siècle, a nécessité des compétences variées en physique, en ingénierie, en programmation et en matériaux de précision.
Il déclare que, bien que la science avance rapidement, il reste encore de nombreux défis à surmonter.
« J’ai participé à de nombreuses initiatives, chacune ayant ses propres avantages et inconvénients », explique Martinis. « Un des obstacles principaux est que, dans un secteur majoritairement dominé par des entreprises privées, les découvertes ne sont pas nécessairement partagées, ralentissant ainsi le progrès. »
« Bien qu’il y ait plusieurs recherches académiques en cours permettant un certain partage de connaissances, trouver un équilibre reste complexe », précisé-t-il. « Les scientifiques sont souvent optimistes, mais ils peuvent aussi être un peu naïfs vis-à-vis des difficultés de construction d’un système intégrant toute l’ingénierie et les technologies nécessaires pour son bon fonctionnement. »
Vers un secteur en pleine expansion
L’entretien avec Martinis a également abordé l’avenir de l’industrie quantique. Malgré les obstacles, il reste positif quant aux opportunités pour les jeunes chercheurs de contribuer à des développements dans ce domaine.
« C’est formidable pour la jeunesse, car il y a une multitude de possibilités de carrières dans le développement de l’informatique quantique. Quand j’étais étudiant, c’était presque inimaginable ! », explique-t-il. « Aujourd’hui, on peut intégrer un groupe de recherche et travailler sur des algorithmes ou des matériaux, impactant ainsi significativement le domaine. »
« Nous avons également des collaborateurs sans doctorat qui apportent des contributions essentielles, chacun avec ses compétences. L’un d’eux, issu du milieu informatique, gère tout notre système réseau avec brio. »
Martinis conclut que pour que la vision de la révolution quantique devienne une réalité, une véritable coopération entre universités, entreprises et gouvernements est cruciale. « La jeunesse apporte des idées nouvelles et de l’a . À présent, il nous faut de la patience pour tirer parti du potentiel encore inexploité de la technologie quantique, en la mettant à profit dans des domaines comme la médecine, la sécurité des données et l’énergie », affirme-t-il.
Avec sa sérénité et sa clarté d’esprit, Martinis fait partie de cette génération de chercheurs qui ont posé les briques du futur technologique. Comme il le souligne, « l’avenir quantique est déjà une réalité, et il est maintenant entre les mains des nouvelles générations ».
