Les maires ruraux n’en peuvent plus de cette instabilité politique qui semble les laisser de côté. En première ligne avec leurs administrés, ils dénoncent un sentiment d’abandon par l’État. « Nous ne savons pas quelles seront les dotations de l’État et cela génère une énorme incertitude, » a fait savoir Christophe Bouillon, président des Petites Villes de France, ce dimanche sur RMC.
Christophe Bouillon, également maire de Barentin en Seine-Maritime, semble assez pessimiste : « On ne maîtrise pas la situation. Les règles, c’est flou, et ça crée une grande exaspération », a-t-il ajouté, pointant du doigt la difficulté d’apporter des réponses concrètes à leurs concitoyens dans un tel contexte.
Pression croissante et projets en stand-by
Le maire n’hésite pas à partager sa colère : « On a l’impression d’être l’airbag de la République, mais là, il commence à se dégonfler. La fatigue et le désespoir règnent. Actuellement, un tiers des maires envisagent de ne pas se représenter – c’est alarmant! » a-t-il déclaré avec une pointe de désespoir. Toutefois, certains maires se disent encore motivés, mais ils remettent en question leur capacité à continuer à œuvrer dans de telles conditions.
À Laigneville, Christophe Dietrich, un autre maire en colère, n’hésite pas à qualifier la situation de “théâtre de guignols” : « Tandis qu’ils s’amusent à faire de la politique, nous nous battons chaque jour avec nos administrés, ceux qui peinent à joindre les deux bouts, » explique-t-il, déplorant l’écart entre la réalité des petites communes et celles de Paris.
À Lampertheim, Murielle Fabre a dû mettre en pause un projet de centre sportif faute de financement stable : « Sans un budget prévisible, il est impensable d’engager des investissements peu importe leur importance, » assure-t-elle.
Du côté de Varzy, Gilles Noël témoigne de son renoncement à un projet de salle des fêtes : « La tension est palpable, tout le monde dans le stress. On a opté pour des économies sérieuses, que ce soit pour les assurances ou l’éclairage public, » confie-t-il.
Une fracture territoriale alarmante
Ce mécontentement dans les zones rurales fait écho à des enjeux budgétaires plus vastes, exacerbant un déséquilibre entre l’État et les collectivités. Les grandes villes, elles aussi, la regrettent, selon l’association France Urbaine qui estime que le projet de loi de finances 2026 est biaisé en faveur des lieux urbains, laissant les communes rurales face à une invisible défiance.
Christophe Bouillon conclut : « Nous restons l’intermédiaire entre les citoyens et les pouvoirs publics. Si la popularité des maires demeure élevée, jusqu’à quand cela tiendra-t-il ? » Cette urgence face à l’isolement dus à cette instabilité politique représente une réalité que ne peuvent ignorer les décideurs.
