Le monde du doublage est en émoi et c’est grâce aux déclarations étonnantes de Christian Clavier. Lors d’une interview diffusée sur YouTube par Konbini en septembre dernier, l’acteur a manifesté son enthousiasme pour l’arrivée de l’intelligence artificielle dans le domaine. Il a parlé de la manière dont cela pourrait résoudre certains problèmes budgétaires pour les Européens : « Avec l’intelligence artificielle, nous allons pouvoir doubler complètement nous-mêmes. » Puis, il a formulé une remarque qui a mis le feu aux poudres : « Les comédiens de doublage vont avoir un problème. Je suis désolé pour eux, mais ils devront se reconvertir.«
Les comédiens réagissent avec indignation
Ces propos ont fortement indigné Brigitte Lecordier, qui prête sa voix au personnage de Goku dans Dragon Ball, et Patrick Kuban, célèbre voix de Canal+ et RTL2. Dans une réponse publiée sur Konbini, ils n’ont pas mâché leurs mots : « On était scandalisés. C’est indigne de sa part. C’est un profond manque de respect pour nos métiers. » Ils rappellent que Christian Clavier semble sous-estimer l’impact que l’IA pourra avoir sur le doublage, en soulignant l’importance des centaines de personnes qui gravitent autour de ce secteur, représentant 700 millions d’euros de chiffre d’affaires et employant environ 15 000 personnes.
Brigitte Lecordier et Patrick Kuban ont continué d’expliquer : « Christian crée quelque chose, nous aussi, mais l’IA ne crée rien. Elle n’est qu’un outil qui reproduit. » Ils sont inquiets que la créativité des comédiens ne soit pas préservée, et que l’IA ne fasse qu’appauvrir le talent unique que chacun apporte en prenant les traits de Clavier : « Nous allons finir avec des robots, mélanges d’hommes et de machines, et perdre l’authenticité des comédiens.«
L’IA, un avenir incertain pour les comédiens de doublage ?
Face à cette menace, les comédiens de doublage se sont regroupés au sein du collectif « Touche pas à ma VF », espérant que des mesures seront prises par le gouvernement pour protéger leur profession : « Il est crucial de réglementer l’IA dans notre métier, il nous faut un cadre juridique pour protéger notre culture et nos artisans. » Ils soulignent que le doublage français est une véritable exception culturelle, avec 85 % des entrées au cinéma se faisant en version française. Actuellement, le collectif attend toujours que le sujet soit pris en main réglementairement.
