En politique, on n’est jamais vraiment hors-jeu. C’est visiblement la croyance de Laurent Wauquiez, ex-président de la région Rhône-Alpes, qui voit une opportunité dans la chute de la popularité de ses rivaux ainsi que dans les discussions budgétaires qui animent actuellement l’Assemblée nationale. Son objectif : redorer son image et se repositionner comme un prétendant sérieux au poste présidentiel.
Il fut un temps où Wauquiez semblait avoir perdu son élan après sa défaite face au ministre de l’Intérieur de l’époque, Bruno Retailleau, lors de la course à la présidence des Républicains. Toutefois, la situation actuelle a changé : Retailleau n’est désormais plus au gouvernement et son image a souffert. Ce contexte lui permet d’afficher une certaine confiance et un nouveau dynamisme.
Un de ses principaux atouts ? Son rôle actuel en tant que chef des députés Les Républicains à un moment où l’hémicycle français s’active en plein cœur du travail politique. Les débats autour du budget lui offrent la possibilité de proposer une ligne politique claire et accessible aux Français.
Il déclare : « L’idée, c’est d’être ultra-simple et reconnaissable : nous nous opposerons à toute hausse d’impôts. » Il complète son propos en précisant qu’il ne veut pas s’impliquer dans des « manigances » obscures généralement associées à la politique.
« Notre objectif est de faire preuve de clarté, car de l’autre côté, c’est le chaos, » affirme un proche de Wauquiez. « Le PS s’engage dans une compétition entre les propositions les plus audacieuses alors que le RN plaide pour 34 milliards d’impôts et taxes supplémentaires. Pendant ce temps, les macronistes semblent se nuire eux-mêmes. Nous souhaitons nous positionner comme un pôle fiable et uni.”
À sa surprise, Wauquiez attend même avec optimisme le résultat du budget, convaincu que le Premier ministre, Sébastien Lecornu, « avec qui les relations sont bonnes », pourra faire adopter le texte. Néanmoins, il est affirmatif quant à l’impossibilité d’employer les ordonnances dans le processus, les qualifiant de très à risque : « Utiliser des ordonnances serait un véritable cataclysme,” juge-t-il.
Une primaire cruciale à venir
Cette lutte redonne du baume au cœur de Wauquiez en vue de la prochaine présidentielle. « Il n’y a pas de compères naturels chez LR, » explique-t-il, consciente de la nécessité d’une primaire pour résoudre la situation complexe entre les prétendants. Cependant, chacun a sa propre vision sur la manière de procéder.
Il est franc et thérapeutiquement réaliste sur ce besoin, souhaitant une primaire qui couvrirait le spectre politique de son parti, « de G_érald Darmanin à Sarah Knafo ». À ceux qui critiquent une possible alliance avec Reconquête, il rappelle que la coalition autour de Nicolas Sarkozy en 2007 rassemble des figures variées telles que Jean-Louis Borloo et Philippe de Villiers. Il soutient que la seule distinction qu’il y ait aujourd’hui avec le RN repose sur les discours économiques, confrontant ainsi son entourage sur la nécessité d’un dialogue avec un parti libéral.
En observant la concurrence, les proches de Wauquiez notent que Bruno Retailleau et Édouard Philippe ont vu leur position s’affaiblir dans cette course présidentielle récente, enregistrant moult erreurs dans leur campagne. « Pour atteindre le pouvoir, on ne fait pas tomber un gouvernement par un tweet, ni on appelle la démission du président, » s’indigne un élu. Plus que jamais, l’ambition de Laurent Wauquiez semble solide et déterminée.
