Hier, l’Assemblée nationale a pris une décision importante en mettant un coup de frein sur la réforme des retraites qui était en cours dans le cadre du projet de budget de la Sécurité sociale. Cette décision, qui avait été annulée par le Sénat, était cruciale pour les socialistes, qui voulaient éviter de censurer le gouvernement de Sébastien Lecornu. Au final, 162 députés ont voté pour la réintroduction de cette mesure, et 75 pour son rejet.
Un retour de la réforme controversé
Initialement rejetée lors de la première lecture, la mesure a été réintroduite grâce à des amendements identiques, soutenus par le gouvernement, le groupe des socialistes, le RN, le groupe centriste Liot, ainsi qu’un certain nombre de députés LR.
Divisions à gauche
Le député PS Jérome Guedj a expliqué que cette suspension permettrait à 650 000 personnes de prendre leur retraite plus tôt dans les années 2026-2027. Il a décrit cela comme « une avancée concrète », même si cela n’est pas suffisant pour les camarades de gauche qui critiquent vigoureusement cette approche.
Du côté des Insoumis, l’opposition était forte, dénonçant des « manipulations continues » et affirmant leur intention d’abroger totalement la réforme. Les communistes, quant à eux, se sont abstenus, jugeant que ce gel n’était qu’un léger répit, ne représentant que « trois mois de gagnés », au maximum.
Alexis Corbière a reconnu que bien que ce soit « très peu », le vote positif du groupe écologiste allant dans ce sens n’est pas un signe de soutien général à la réforme dans sa globalité.
Réactions au sein de la majorité et de la droite
Au sein du camp gouvernemental, les opinions variaient. Annie Vidal, de Renaissance, a justifié l’abstention en prônant le compromis proposé par le Premier ministre, dans « l’intérêt national ».
Dans le camp de droite, Laurent Wauquiez des LR a déclaré que leur groupe voterait contre la mesure, soutenant qu’augmenter l’âge de départ à la retraite était essentiel pour éviter des conséquences néfastes sur les travailleurs et les retraites. Paul Christophe, de Horizons, a crié au « mensonge » des promesses faites aux citoyens.
Le Rassemblement national a de son côté soutenu cette suspension en se moquant des macronistes, rappelant leur promesse de ne plus faire de réforme.
Pression sur le Premier ministre
Sébastien Lecornu, très lié à Emmanuel Macron, a décidé de cette suspension sous la pression d’une potentielle motion de censure. Cette démarche visait à impliquer les socialistes dans les négociations autour de cette réforme, qui implique une augmentation progressive de l’âge légal de départ à 64 ans.
Avec l’adoption de cette mesure, l’augmentation de l’âge de départ est désormais suspendue jusqu’en janvier 2028. Pour les personnes nées en 1964, cela signifie qu’elles pourraient quitter le monde du travail à 62 ans et 9 mois au lieu de 63 ans comme cela était prévu à l’origine. En matière de trimestres, 170 seront nécessaires pour valider la retraite, plutôt que 171, sauf si une nouvelle législation intervient d’ici là.
