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Être président de la République, ce n’est pas seulement l’été paré de jet ski et de « calls » diplomatique depuis le fort de Brégançon. Parfois, cela se transforme aussi en un soupçon de problèmes imprévus qui peuvent rapidement tourner au vinaigre. Actuellement, c’est la pétition contre la loi Duplomb qui promet d’alimenter les discussions estivales et de causer du tracas aux conseillers de l’exécutif.
Cette législation, portée par le sénateur des Républicains de Haute-Loire, Laurent Duplomb, proche de Laurent Wauquiez, vise à «lever les restrictions pesant sur la profession agricole». Elle a été approuvée par l’Assemblée nationale le 8 juillet, grâce à une coalition allant des macronistes aux membres du Rassemblement national, en passant par la droite. Pourtant, cette loi a suscité des critiques de la part des défenseurs de l’environnement, notamment en raison de la réintroduction de l’acétamipride, un pesticide interdit depuis 2018 en France et désigné comme potentiellement cancérigène.
1,7 million de soutiens à la pétition
Après des efforts infructueux menés par la gauche depuis janvier pour contrecarrer cette loi, et face à l’impossibilité d’un débat dans l’hémicycle du Palais-Bourbon à cause d’une motion de rejet – habilement votée par ses défenseurs pour la diriger directement en commission -, c’est finalement une jeune étudiante de 23 ans qui a pris le relais le 10 juillet en lançant une pétition sur le site de l’Assemblée. En moins de dix jours, cette initiative a récolté plus de 500 000 signatures, un seuil nécessaire pour obtenir un débat hush à l’Assemblée. Le lendemain, le million a été franchi, avant d’atteindre le chiffre impressionnant de 1,7 million de soutiens ce 22 juillet.
Pour situer le phénomène : cela représente plus de signatures que le nombre total de voix récoltées par Valérie Pécresse aux dernières élections présidentielles (qui étaient de 1,679 million, soit 4,8% des suffrages). À cette même date, aux alentours de midi, la pétition avait déjà surpassé Yannick Jadot (1,628 million, 4,6%) et tous les autres candidats, y compris Jean Lassalle (1,101 million, 3,1%), Fabien Roussel (802 422, 2,3%), Nicolas Dupont-Aignan (725 176, 2%) et Anne Hidalgo (616 478, 1,75%). Une initiative intitulée « Duplombomètre » a été mise en place pour visualiser l’évolution du nombre de signatures.
À la différence du vote des citoyens à l’élection présidentielle, cette pétition dispose de procédés d’accès encadrés ; c’est-à-dire qu’il faut passer par France Connect, le système d’authentification numérique de l’État Français. Contrairement à une autre pétition plus populaire qui s’est propagée via Change.org, où les papiers d’identité des signataires ne sont pas réellement vérifiés. Cette dernière, qualifiée d’Affaire du siècle par quatre ONG (Greenpeace, Oxfam, Notre affaire à tous et la Fondation pour la nature et l’homme), continue de battre des records avec 2,3 millions de signatures récoltées en trois semaines depuis son lancement en 2018, perdurant dans le cadre d’une action en justice contre l’État pour inaction climatique.
