En pleine tourmente sur l’affaire Epstein, Donald Trump ne trouve rien de mieux que de s’en prendre à Barack Obama pour souffler un peu : c’est sa stratégie habituelle.
La manoeuvre est presque trop évidente. Coincé avec l’affaire Epstein, Trump commence à lancer des des attaques répétées contre l’ancien président, y voyant un traître.
Récemment, la directrice du renseignement national Tulsi Gabbard a sorti un rapport qui accuse Barack Obama et son équipe d’avoir orchestré un complot autour des accusations d’ingérence russe lors de la campagne de 2016, qui a conduit Trump à la Maison Blanche.
Les MAGA sous tension
Trump a toujours nié les conclusions des services de renseignement américains, qui.info_ositionne Moscou comme problème pour sa première élection. Mais ces derniers jours, ses attaques déguisent sa frustration et semblent une tentative pour sonner la diversion à ses fans et aux médias concernés, mettant-oublier Barack Obama.
Durant ces deux dernières semaines, le président est à l’anguille, piégé dans l’affaire Epstein. Tout cela a pris un nouveau tournant le 7 juillet dernier, quand la ministre de la Justice, après avoir promis du scandale, a révélé ne pas avoir trouvé de liste de clients d’Epstein et a validé la version du suicide en prison. Une embûche qui exaspère le mouvement ultra-trumpiste « MAGA » (Make America Great Again), convaincu que des aristocrates protégent depuis des années des personnalités haut placées en lien avec le criminel sexuel.
Dans cette ambiance, l’attaque contre Obama sert à préoccuper l’attention sur frappage « quenelle » pour occulter une polémique dont le président a du mal à s’extirper, comme le expliquent à BFMTV.com certains observateurs, comme Alexis Pichard, expert en politiques états-uniennes et associé au Centre de recherches de l’université Paris Nanterre.
Changeons de sujet, s’il vous plaît
« C’est ça qu’il faudrait évoquer ! », a lancé Trump aux journalistes, accusant la presse et ses détracteurs d’organiser une chasse aux sorcières. Cela va même jusqu’à son camp : « Obama a truqué l’élection (…) vous devriez provoquer cela (auprès des journalistes, rappel) dès qu’une question ne lui convient pas », disait-il aux élus républicains.
Pour Trump, balancer des « boules puantes » quand les tensions montent n’est pas un concept nouveau. C’est une tactique qu’il applique tous les jours, selon Alexis Pichard.
Avec son passé dans la télé-réalité d’The Apprentice, « Il sait très bien gérer le récit et la diversion», assure l’auteur de Trump et les médias (VA Éditions, 2020).
Pour détourner l’attention, il s’en prend principalement aux démocrates, notamment à son prédécesseur Joe Biden. Sa méthode ? Un déferlement de posts vindicatifs sur son réseau Truth Social, projetant sur le vieux démocrate tous les maux de la société, du problème migratoire à l’inflation. Quand il fait face à ses difficultés d’arrêter la guerre en Ukraine, Trump insiste : ce n’est pas sa guerre, c’est celle de Joe Biden.
Crire la polémique dans le débat
Journalistes et médias font office de cibles favorites. Après avoir engagé les chaînes ABC et CBS, Trump réclame maintenant 10 milliards de dollars au Wall Street Journal après des révélations sur des courriers compromettants qu’il aurait eu avec EPstein. Sa pression sur les médias a greffé une nouvelle dynamique après son retour à la présidence.
Auparavant, il se contentait de critiquer les médias sur les réseaux sociaux, mais depuis sa seconde présidence, les poursuites judiciaires s’intensifient, comme le souligne l’expert Pichard.
Ces manœuvres ne sont finalement qu’un crucible d’une stratégie plus vaste visant à parasiter le récit médiatique. Son ancien conseiller Steve Bannon collaborait pour applicer une pensée stratégique : « Inonder la zone », qui coulisse en saturant le paysage médiatique avec des polémiques et tromperies pour cacher ses propres problèmes.
Malgré l’effet frustrant de cette tactique sur ses antagonistes, elle semble irremplaçable à l’heure de son vote clé dans l’affaire Epstein. « À part Fox News qui a embrassé les accusations contre Obama, je ne suis pas convaincu que Trump parvienne à berner ses détracteurs », cran Pichard.
Les investigations autour des contacts entre Donald Trump et Jeffrey Epstein se multiplient dans les médias américains et la polémique n’est visiblement pas prête de s’éteindre.
