Un moment de souvenirs a eu lieu récemment dans le Jardin du souvenir, situé tout près de l’Hôtel de Ville de Paris. Là, le chanteur Eddy de Pretto a chanté des notes de « L’Absent » de Gilbert Bécaud. Pendant ce temps, à quelques kilomètres à l’ouest, les fans de l’équipe de France prenaient joyeusement possession des lieux aux abords du Parc des Princes.
Cependant, alors que le coup d’envoi du match entre les Bleus et leurs adversaires ukrainiens se rapprochait à grands pas, l’atmosphère était loin d’être festive pour tous. Jean-Marc, qu’on a croisé sur le parvis du stade, a partagé son ressenti : « Ce n’était pas le bon jour pour ce match », avoue-t-il. À ses yeux, le souvenir d’un événement tragique revient trop vite à l’esprit. « J’aurais préféré que cela se joue à un autre moment », ajoute-t-il, la mélancolie dans la voix.
Il y a déjà dix ans, plus de 130 vies étaient brutalement fauchées par des attentats à Paris et à Saint-Denis. Ce jour-là, Jean-Marc était gendarme dans les Hauts-de-Seine, prêt à répondre à l’appel. « J’ai passé la nuit entière à travailler, dès que ça a commencé. Je m’en souviens comme si c’était hier », raconte-t-il, sérieux.
Pour autant, il a pris la décision d’assister au match, car c’était l’occasion pour sa petite-fille de vivre son premier événement sportif. « Ces billets, c’était un cadeau de ma fille », précise-t-il, avec fierté. Il a tenu à protéger la fillette de ces tristes souvenirs.
« Impossible de ne pas penser à eux »
Ce sentiment de commémoration ne semble pas isolé. Floriane, elle-aussi présente, a témoigné : « On en a parlé pendant le trajet pour venir au stade. On se rappelle de ce qui s’est passé, impossible de l’oublier ! » Accompagnée d’un groupe de supporters, elle évoque les souvenirs passés devant l’écran de télévision lors des événements tragiques.
Thierry et Bernadette, deux passionnés de sport ayant fait le déplacement depuis Strasbourg, renchérissent : « On avait pris des places pour le match, sans vraiment réaliser la date. Mais une fois le lien fait, ça marque », affirment-ils en chœur. Cela reste un moment mémorable, peu importe l’issue du match.
Sous les yeux de François Hollande, président à l’époque des faits marquants, la Marseillaise a résonné, symbole d’une solidarité indéfectible. Alors que le public entendait les premières notes, des images de la tour Eiffel illuminée en bleu-blanc-rouge ont été projetées, avec la mobilisation d’un message puissant, « Liberté », accrochée à ses côtés. En hommage, une minute de silence a suivi.
Cependant, c’est durant la 15e minute du match que le véritable hommage a eu lieu. Les 45 000 spectateurs, unis, ont allumé les flashs de leurs téléphones. Sur l’une des tribunes, réputée pour son ambiance détonante, une banderole a été déployée : « À nos 132 étoiles du 13 novembre ». Suivant cela, on a entendu une version a cappella de la Marseillaise, avant que chacun replonge dans le match, unis par des souvenirs et une histoire commune.
