Le lupus est une pathologie auto-immune complexe touchant principalement les jeunes femmes. Ses symptômes variés rendent le diagnostic particulièrement délicat. Mais une nouvelle recherche met en lumière une tendance intéressante…
Parmi les maladies auto-immunes, le lupus (dérivé du terme latin « loup ») est l’une des plus communes, surtout dans sa forme de lupus érythémateux systémique (LES), qui peut affecter différents organes. En Europe, on recense environ 40 cas de lupus pour 100 000 personnes. D’après l’Institut Imagine*, cette maladie touche majoritairement les femmes âgées de 20 à 40 ans, avec un ratio d’environ 10 femmes pour 1 homme. La maladie se manifeste par une grande variété de symptômes, compliquant le diagnostic et souvent introduisant des retards dans sa détection. Le lupus se caractérise par des phases de poussées, où les symptômes sont intenses, et des phases de rémission durant lesquelles la maladie semble stable. Des chercheurs ont observé que, au niveau cellulaire, le lupus est lié à une production anormale d’interférons de type I dans le sang, ces protéines avant tout chargées de coordonner la réponse immunitaire face aux infections.
Pourquoi le lupus semble s’atténuer avec l’âge ?
Ce constat particulier repose sur le constat que les recrudescences des symptômes chez les femmes semblent diminuer après la ménopause. Autrement dit, le lupus a tendance à s’apaiser avec le temps. « Je vois mes patients âgés de 20, 30 et 40 ans tous les deux ou trois mois, et j’attends de déceler tout signe d’aggravation de leur état. À l’inverse, plusieurs patients plus âgés ne consulte qu’une fois par an. Si ces patients parviennent à dépasser ces décennies difficiles, ils constatent parfois une amélioration », a déclaré Sarah Patterson, médecin et professeur à l’Université de Californie à San Francisco (UCSF). Comment expliquer cette observation ? Serait-il possible que les patients puissent réduire progressivement leur traitement ? La chercheuse et son équipe ont répondu à cette question dans une étude publiée dans la revue Science Translational Medicine.
Diminution de l’inflammaging chez les patients vieillissants
Les chercheurs ont examiné des échantillons de sang de patients de tous âges et ont découvert que le vieillissement avait tendance à réduire l’activité de certains gènes immunitaires chez ceux touchés par le lupus, ce qui tirait vers le bas les niveaux d’interférons et d’autres protéines inflammatoires. Il a été révélé que chez des adultes en bonne santé, les gènes et protéines liés à l’inflammation augmentaient doucement avec l’âge, un phénomène que l’on nomme inflammaging. À l’inverse, chez les patients atteints de lupus, l’expression de ces gènes et protéines était extrêmement élevée au milieu de la vie mais se réduisait avec les années, grâce à une surexposition invisible au vieillissement. « Chez les patients ayant ce mal, l’inflammaging semblait s’inverser. Cependant, cela ne revenait pas à une normalité, car ils – comparés aux adultes âgés en bonne santé – demeuraient avec des niveaux d’inflammation significativement plus élevés », a révélé Chaz Langelier, professeur à l’UCSF et co-auteur de l’article.
Des implications sur les traitements
Suite à cela, une hypothèse émerge : « En partie, la raison qui expliquerait l’amélioration des symptômes du lupus en vieillissant est que le corps réduit l’expression des gènes que les interférons stimulent, diminuant ainsi le niveau d’inflammation vers un seuil que l’on pourrait qualifier de ‘normal’, comme celui observé chez des individus témoins en bonne santé. », complète Sarah L. Patterson par les colonnes du magazine Women’s Health. Bien qu’il faille ainda valider ces résultats, l’équipe scientifique projette aussi une prochaine étude pour savoir si les médicaments bloquant les interférons agissent de manière plus ou moins efficace selon l’âge chez les patients épinglés par le lupus. Ce volet de recherche est essentiel étant donné que la majorité des personnes malades doivent être sous traitement médicamenteux, souvent avec des immunosuppresseurs pour pacifier inflammation et neutraliser les auto-anticorps violents.
Comme l’a précisé Margo Bowman, directrice des services pharmaceutiques cliniques chez Corewell Health dans une interview avec Women’s Health, « les traitements pour le lupus sont souvent personnalisés selon les symptômes observés chez chaque patient. Mithystiquement, cela se fait souvent par utilisation d’immunosuppresseurs. », soulignant que cette découverte pourrait désigner qu’un traitement médicamenteux semble être moins rigoureux avec l’âge, même si chaque recours reste ainsi proportioné au cas par cas, conclut Sarah L. Patterson. Bien que ces résultats préliminaires attendent uneartu confirmés, l’équipe de recherche vise au futur à évaluer l’efficacité des médicaments bloquant les interférons chez plusieurs groupes d’âge de patients et espère par extension modéliser ce même axiom à d’autres maladies inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), et l’athérosclérose, cette dernière étant liée à un verdissement délétère dû à l’accumulation de sucre.
*L’Institut des maladies génétiques a vu le jour en 2007, soutenu par une fondation homonymique.
