Selon un reportage d’AFP réalisé par Séverine ROUFY, un hôtelier en Bretagne a choisi de faire un pas radical vers un mode de vie plus respectueux de l’environnement en fermant complètement sa piscine et son hammam. Ce geste, bien que rare, symbolise une nouvelle tendance vers la sobriété dans l’industrie face au dérèglement climatique.
Nicolas Conraux, le propriétaire et chef étoilé du restaurant La Butte à Plouider (Finistère), explique : « Pour moi, accueillir des clients et leur proposer des plats sains tout en leur permettant de se baigner dans une eau chaude et chlorée n’a pas de sens. » Cette décision s’inscrit dans un engagement profond pour un tourisme plus durable.
La piscine a ainsi été recouverte par un plancher, tandis que le spa a considérablement revu son offre, se limitant uniquement à un sauna tempéré à 55 degrés. Selon lui, « le luxe futur c’est d’opter pour la sobriété, pas de gaspillage avec des piscines grandioses ou des produits sur- emballés ».
Jean-Pierre Nadir, le fondateur de Fairmoove Solutions, souligne que l’utilisation de l’eau demeure un enjeu majeur dans l’hôtellerie. En effet, la consommation halieutique d’un hôtel oscille généralement entre 170 et 180 litres d’eau par nuitée par client, et durant les vagues de chaleur, elle peut même atteindre plus de 500 litres. Cependant, certains hôteliers bien engagés parviennent à réduire ça à moins de 80 litres.
C’est le cas d’Eklo, une chaîne d’hôtels économiques qui ouvrira bientôt son douzième établissement en France. Leur directeur technique, Stéphane Mascunan, précise que dès la construction, ils respectent des normes strictes et utilisent des systèmes avancés pour contrôler la température, de manière à prévenir la surconsommation d’énergie.
Innover pour économiser
Au cœur de leurs solutions, ils optent pour des filtres anti-UV sur les fenêtres, des stores extérieurs, et des toits végétalisés, toutes conçues pour rafraîchir naturellement lorsqu’ils le peuvent. Des pommes de douche à faible débit sont également privilégiées pour réduire la consommation d’eau.
Dans leur établissement de Bordeaux, où il n’est pas possible d’installer la climatisation, ils explorent la végétalisation des façades et testent des solutions alternatives telles que des brasseurs d’air. « Nous avons constaté une perte de clients, car la chaleur peut devenir compliquée pour le personnel et nos hôtes », admet Mascunan.
Cyril Aouizerate, fondateur de Mob Hôtel, émet des réflexions similaires sur le grain de folie que désire la sobriété. Certifié B Corp, il constate les réticences de certains clients aux pratiques durables, en particulier ceux venant d’Amérique.
Pour lui, l’idée de sobriété comprend aussi un contrôle raisonnable des températures et une utilisation accrue d’énergie renouvelable, comme des panneaux solaires et des rideaux spéciaux, permettant de réduire la chaleur de 8 à 10 degrés tout en préservant le confort.
À la Butte, Conraux n’a pas hésité non plus à supprimer les mini-bars en chambre pour limiter la consommation d’électricité. Il fait remarquer que dans un climat breton, la climatisation n’est presque jamais nécessaire, à moins qu’il s’agisse de sorties exceptionnelles. Pour rafraîchir les dessous de chaleur, il encourage les clients à faire un plongeon dans la mer à proximité.
Jean-Pierre Nadir ajoute qu’il existe de nombreuses solutions pour réduire notre empreinte carbone, dont une architecture adaptée aux conditions climatiques, en facilitant la circulation grâce aux vents naturels.
Enfin, Marine Angot, responsable RSE chez Eklo, conclut qu’il est essentiel d’encourager les clients à choisir des modes de transport plus durables, comme le train, et d’adopter des ingrédients locaux et saisonniers dans la restauration, pour une approche gustative plus éco-responsable et sans culpabilisation.
