Le Mali traverse une période d’agitation depuis un bon bout de temps. On se souvient tous de l’année 2020, lorsque le colonel Assimi Goïta a pris les rênes du pays suite à deux coups d’État. Au départ, il devient vice-président d’un gouvernement militaire, mais très rapidement, il s’impose comme président – sans même passer par les urnes.
Ces bouleversements ont suscité des réactions sur la scène internationale. L’Union européenne, les États-Unis, et le Royaume-Uni n’ont pas tardé à sanctionner plusieurs figures clés du gouvernement malien. Avec cela, Goïta est devenu l’allié de choix du Kremlin, échangant des ressources naturelles contre des armes, de l’argent et des soldats. Mine de rien, le Mali regorge de ressources précieuses.
Ces dernières décennies, de nombreux groupes ont voulu mettre la main sur ces richesses naturelles. Profitant du tumulte causé par un autre coup d’État survenu en 2012, des djihadistes affiliés à Al-Qaida ont lancé des attaques sur de grandes villes maliennes. Pour contrer ces menaces, la France a dépêché des troupes dès l’année suivante, mais la guerre s’est révélée un véritable piège. Bien que la présence militaire française ait freiné temporairement l’avance des djihadistes, reprendre les territoires perdus s’est avéré une tâche presque impossible.
Les combats s’intensifient dans l’intérieur du pays
Al-Qaida et ses alliés de l’État islamique frappent fort dans les régions reculées du Mali. En 2020, alors que les autorités civiles, installées sous pression française, ne contrôlaient qu’un tiers du pays, les attaques devenaient de plus en plus fréquentes, causant de lourdes pertes. Le gouvernement perdait peu à peu sa capacité au profit des forces étrangères présentes sur place. Avec Goïta à sa tête, la collaboration avec l’armée française a pris fin, laissant de l’espace aux mercenaires russes du Groupe Wagner. C’est en janvier 2022 que les premiers de ces combattants arrivent.
Il semblerait qu’à l’époque, le gouvernement malien versait presque 9 millions d’euros par mois au Kremlin pour établir des bases militaires et former ses propres soldats tout en active une protection près du président Goïta et de son entourage.
Le commandement américain pour l’Afrique a affirmé que le Groupe Wagner a également gagné un accès inédit aux richesses du pays, notamment l’or, l’uranium, et le lithium. Pourtant, cette alliance a apporté son lot de problèmes, avec de nombreux crimes de guerre à reprocher aux mercenaires contre la population locale.
Le Kremlin sur la touche ?
Annonciateur d’une crise, un rapport de The Sentry, paru en août 2025, a révélé qu’aucunes concessions minières n’avaient été données aux entreprises russes depuis le début de la présence Wagner. D’ailleurs, les principales sociétés russes dédiées à l’extraction de ressources minières sont restées les mains vides, tandis que les familles et les entreprises locales en profitaient.
En réponse à cela, la Russie a renforcé ses initiatives, allant jusqu’à suspendre certaines opérations de son armée dans le pays. À l’été 2025, ils ont finalement trouvé un compromis assez inhabituel : commencer la construction de la première raffinerie d’or du Mali, avec 62% des actifs détenus par le gouvernement malien. L’objectif ? Transformer 200 tonnes d’or chaque année pour une valeur de 13 milliards d’euros.
Une véritable victoire tactique, dans un contexte de tensions croissantes : le pays fait face à l’augmentation de la menace jihadiste. En septembre 2024, les extrémistes ont même attaqué la capitale, Bamako, touchant directement son aéroport, puis s’infiltrant dans les localités environnantes. Nombreux villageois, fatigués des réjouissances militaires d’une junte qui ne les représente plus, commencent à se ranger derrière Al-Qaida.
Bamako sous tension
Depuis septembre, les islamistes maîtrisent totalement les voies d’accès à Bamako en instaurant un blocus d’approvisionnement de carburant. À mi-octobre, le prix d’un liter d’essence presque explosé à 22 euros, quintuple en seulement deux semaines, coûtant une majorité des salaires mensuels. Cette escalade pousse les États-Unis et les pays européens à évacuer rapidement leurs diplomates et conseillent à leurs ressortissants de quitter le Mali immédiatement, avec des itinéraires limités.
Dans ce désordre, les djihadistes encouragent le peuple malien à se soulever contre le pouvoir, dénonçant la junte comme de simples marionnettes de l’Occident. Pour leur part, renverser à Bamako, une ville de quatre millions d’habitants, faite de combattants estimés à seulement 6.000, semble une tâche ardue.
Les autorités tentent Efficacement d’attirer les villageois en proposant des réductions d impôts et des promesses sur la fin des opérations militaires. Pourtant, les efforts cependant, ne masquent pas la plus grande ineptie qui vis–à–vis du contrôle de la situation bien au-delà de la capitale.
En somme, si la junte militaire ne parvient pas à surmonter cette crise et rapidement lever le siège de Bamako, nous pourrions voir un autre coup d’État se dessiner avec la montée d’un pouvoir peut mimi négocier avec Al-Qaida. Cela laisserait les richesses minérales du pays dans les mains des djihadistes, au détriment des intérêts russes.
