Budget 2026 : l’union inattendue des socialistes et des macronistes

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Olivier Faure et Boris Vallaud photographiés à l’Élysée le 10 octobre.
Olivier Faure et Boris Vallaud aperçus à l’Élysée le 10 octobre.

Dans le monde politique, une question se pose : les socialistes et les macronistes sont-ils condamnés à collaborer ? Après des années de méfiance et de conflits, ils semblent maintenant confrontés à une réalité politique qui les oblige à agir ensemble. Ce qui les unit ? L’urgence d’adopter un budget avant la fin de l’année.

Du côté des socialistes, souvent fiers de se présenter comme un « parti de gouvernement », il y a un consensus sur l’importance de faire avancer les choses rapidement concernant le budget. Cette priorité n’est pas simplement théorique : le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) inclut une mesure cruciale, à savoir la suspension d’une polémique réforme des retraites. Obtention décrite comme un véritable gain, en contrepartie de ne pas censurer le gouvernement de Sébastien Lecornu. Cela signifie que, même si les négociations se prolongent au-delà de la limite constitutionnelle de cinquante jours, le gouvernement sera obligé de garder cette mesure.

Pour la majorité présidentielle, même si la décision de suspendre la réforme des retraites est loin d’être idéale, l’accent est mis sur la nécessité d’avoir un budget. La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a déclaré qu’il s’agit désormais d’une responsabilité partagée du gouvernement et du Parlement d’adopté ce budget.

« On ne demande pas au PS de devenir macroniste », a-t-elle précisé, confirmant que faire des compromis ne signifie pas trahir ses principes. Une tâche ardue, considérant le mouvement qui avait récemment dépeint les socialistes comme de dangereux extrémistes, liés à La France insoumise.

D’un autre côté, les figures des deux camps qui souhaitent réellement avancer trouvent qu’il serait plus aisé de parler à travers des voies consensuelles, comme Jérôme Guedj et Philippe Brun, qui militent depuis un an pour éviter la censure en cherchant un accord avec le centre.

Dans une note d’optimisme, Olivier Faure a déclaré sur RTL que « Pour la première fois depuis 1958, nous avons un Parlement libre. D’habitude, il y a la manœuvre du 49-3. Cette fois, nous allons nous débrouiller. » Bien que cela ait un prix : il faut pas que le budget contienne des mesures qui pourraient scandaliser certains députés de gauche.

Le risque de s’emmêler les pinceaux

Le plus grand problème ici ? Les socialistes et les macronistes se sont véritablement liés l’un à l’autre. Chacun a besoin que l’autre réussisse : pour les socialistes, ne pas réussir à obtenir la suspension de la réforme des retraites serait un échec face à leurs électeurs. De leur côté, sans budget, le gouvernement serait en difficulté. Rappelons qu’Emmanuel Macron avait explicitement confié à Sébastien Lecornu cette mission au moment de sa nomination.

Ces derniers temps, on a remarqué une certaine retenue de la part des députés socialistes quand il s’agit de parler de censure. Bien que Faure ait signalé un mécontentement du budget n’étant pas acceptable s’il n’ « est pas corrigé », il évite de mentionner le mot censure. Sauf bien sûr si la promesse de suspension de la réforme des retraites se révèle être une illusion pour un bon nombre de membres de la gauche.

Tout le monde s’accorde à dire que c’est un pari risqué. Uneancienne coopération entre la gauche et un gouvernement qui est loin de la côte politique de ce côté-là est rare. Et l’idée de faire des compromis pourrait aboutir à une version finale du budget qui mécontente de toutes les deux parties, qui d’ailleurs pourraient reprendre leurs frictions rapidement.

Boris Vallaud, à la tête des députés socialistes, sait que le risque existe de pousser vers un budget qui ne trouve approbation nulle part. Quant à Faure, il a déjà pris position, expliquant que quel que soit le résultat, le PS est susceptible de s’abstenir ou voter contre le budget. Si le Rassemblement National n’y vote pas non plus, la situation pourrait permettre d’adopter un budget sans trop de turbulences.

Mélenchon déclare la guerre au pacte Macron-Faure

Cette entente fragile pourrait bien ne pas tenir face aux intérêts politique personnels. Avec des élections municipales dans cinq mois, la dynamique interne des partis pourrait rapidement ratatiner les bonnes intentions affichées.

En Front Insoumis, l’on se fait fort de dénoncer haut et fort cette « marchandisation » et caractérise d’aucune manière le PS comme un traître face à leurs électeurs, pour des alliances qui apparemment se font en tournée comme un savon pour nettoyer les mains. Jean-Luc Mélenchon, par exemple, aborde ce sujet comme un « pacte Macron-Faure ».

Ce faisant, il cherche à séduire à nouveau des électeurs de gauche en détresse. C’était également le sens de l’appel lancé par Mathilde Panot, notamment après le refus du PS de censurer Lecornu. Un référent PS a d’ailleurs montré qu’il est clair qu’aucun budget ne verra le jour sans le soutien des socialistes.

Néanmoins, la clôture de ce débat reste engagée. Le député LFI, Paul Vannier, accuse le PS de faciliter au gouvernement de diminuer les retraites de tous les retraités face à ce décalage de la réforme. Une question à laquelle Olivier Faure est conscient qu’en politique, « il faut faire des choix », en particulier dans des temps troublés. « Le choix de la facilité gèle des corps, tandis que celui de la responsabilité ne sera pas sans attache. »

Manuel Valls exprime également son ressentiment envers les « arguments grotesques » qui entourent son départ du gouvernement.2027 présidentielles : tous les candidats préparant en réserve, de Marine Tondelier à Marine Le Pen, en passant par Édouard Philippe.

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