ÉDITORIAL. Les maires en quête de liberté

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À l’approche du 107e congrès de l’Association des maires de France à Paris, après une période de tensions croissantes, le mot d’ordre est clair : « Pour les communes, liberté ! »

Avec les élections municipales qui approchent, les maires expriment un sentiment d’étouffement à trois niveaux.

Problèmes financiers

Financièrement, ils se retrouvent doublement piégés. La suppression de la taxe d’habitation a mis à mal la relation entre la population et leur élu, ce qui a aussi entraîné une perte de terres fiscales. Dépendantes de l’État, les municipalités ne cachent pas leur impatience face à l’autonomie budgétaire qui décroît, en contradiction avec le principe de« libre administration des collectivités locales », inscrit dans notre Constitution.

La charge administrative

Au niveau administratif, nos élus luttent contre une avalanche de normes impossibles à respecter chaque jour. Depuis 2010, toutes les communes se regroupent en intercommunalités, rendant parfois leur influence insignifiante. Les élus de petites communes se sentent donc comme des « coquilles vides ».

Pression constante

Sur le plan humain, la pression de citoyens de plus en plus exigeants et, parfois, agressifs s’intensifie. Une étude récente du Cevipof indique que, depuis 2020, la violence symbolique, numérique et physique envers eux a explosé. En 2025, 65% des 3 800 maire­s sondés ont affirmé avoir subi des agressions, tandis que 36% ont été victimes d’injures et 28% de menaces en ligne.

Une reconnaissance qui tarde

La situation actuelle, bien qu’inquiétante, n’est pas une révélation. Les maires, qui savent avoir solidement soutenu la République durant la pandémie sans en recevoir une juste reconnaissance, continuent de se débattre.

Un budget et des normes réticents au changement

Pour le budget de 2026 en discussion, l’exécutif propose un « effort » de 4,6 milliards d’euros aux collectivités. Des voix s’élèvent pour différencier cette contribution à la dette entre les communes, plus sollicitées que les départements, qui attendent également des mesures d’assistance financière.

Côté règlementations, aucune des propositions de simplification annoncées ces dernières années n’a encore réduit la bureaucratie qui accable les mairies.

Une situation politique fragmentée

Politiquement, la confiance du public envers ses représentants diminue, ce qui accroît la pression sur les élus locaux. Entre les promesses non tenues et le manque d’espoir des citoyens vis-à-vis des parlementaires, les attentes envers les maires deviennent démesurées, couvrant même des champs en dehors de leur juridiction.

Démissions et indécisions

Début juin, le Cevipof a observé 2 189 démissions de maires depuis 2020, un chiffre alarmant quatre fois supérieur à celui de la mandature précédente. Malgré cela, 58% d’entre eux souhaitent se représenter en 2026, et promettent de continuer à servir s’ils recoivent à nouveau l’attention qu’ils méritent.

Alors, que faut-il ? Les maires réclament juste un peu d’« air » pour respirer et réussir leur mission, initiative qu’ils avaient déjà mise de l’avant l’année dernière.

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