Les discussions autour de la Société du Mont Pèlerin, souvent perçue comme une institution un tant soit peu mystérieuse, sont monnaie courante. Ces rencontres discrètes, qui s’organisent chaque année, rassemblent des chercheurs, chefs d’entreprise et autres passionnés de la pensée libérale. Fondée en 1947 par Friedrich Hayek, connu pour son opposition aux politiques Keynesiennes, la société se positionne vigoureusement contre toutes formes de communisme et de fascisme, mais regarde aujourd’hui vers un nouveau visage d’opposition : Donald Trump.
En France, il est vrai que les figures emblématiques de ce mouvement n’atteignent pas tout à fait le niveau des légendes américaines comme Margaret Thatcher ou Ronald Reagan. Malgré tout, l’influence du réseau est perceptible à travers plusieurs think tanks. Au départ, le groupe voulait s’appeler « Society Acton-Tocqueville » en hommage à Alexis de Tocqueville, mais a jugé le nom trop religieux. Ils témoignent également d’une certaine nostalgie pour des penseurs français comme Maurice Allais et Jacques Rueff, voire d’un regard admiratif sur les révolutions américaines et françaises.
L’appel à sauver la République
Avisant à alerter sur la dérive actuelle, certains des membres les plus résolus soulèvent la voix, affirmant que « La République est en danger » et comme le précise Tom Palmer, président de la fondation libertarienne Atlas, « Trump voit son administration se remplir de fidèles qui orchestrent un chemin vers la dictature ». Les accusations, qui parlent d’un Trump « corrompu », proviennent de divers discutants dans le cadre d’un congrès tenu récemment à Marrakech.
Les propos sont accablants : Deirdre McCloskey, économiste et actuelle présidente de la Société, n’hésite pas à faire le parallèle entre Trump et le fascisme. Ses observations soulèvent l’arrière-plan intrigant d’un personnage qui, lors de ses précédents mandats, intégrait des voix libertariennes autour de lui, telles que quelques figures de la Silicon Valley. Sans oublier les stratégies mises en œuvre pour son deuxième mandat, notamment le « Project 2025 », une initiative économique porteuse des valeurs libérales en collaboration avec des économistes comme Stephen Moore.
« En 2016, beaucoup ont dit que Trump improvisait. Aujourd’hui, il n’appelle plus qu’à lui-même. Il agit comme d’autres autocrates comme Erdo an et Poutine. »
Une tempête économique qui s’annonce
Les préoccupations chez les libéraux ne se limitent pas qu’à des affrontés sociétaux. De nombreux économistes expriment des inquiétudes face aux décisions de Trump concernant le commerce et la politique économique. Phillip W. Magness de l’Institut Indépendant dénonce un nationalisme économique destructeur : « Les droits de douane pourraient causer une récession, en exacerbant l’inflation et d’autres défis », conclut-il.
Les politiques fiscales instaurées en 2018, bien qu’acclamées par certains, sont condamnées par d’autres comme favorisant une poignée de milliardaires plutôt que le tissu entrepreneurial traditionnel. D’après Deidre McCloskey, il existe une nécessité pour un commerce libre sans taxes douanières. Le niveau actuel de politique tarifaire remet en cause le libéralisme tel qu’il existe aujourd’hui.
« Le programme tarifaire de Trump représente un désastre économique sans précédent. »
Vers une ère post-libérale ?
Ce qui provoque le plus d’irritation parmi ces observateurs du libéralisme, c’est la tendance à la nationalisation d’entreprises clés. Des choses comme l’entrée de fonds fédéraux dans des sociétés de haute technologie sont considérées comme un virage inquiétant vers une économie de style socialiste. Ce tournant inquiète tant il pourrait transformer le paysage économique en un environnement où les traités sont dictés par des dépendances politiques.
Ici aussi, aucun collaborateurs du président n’est épargné. La susceptibilité aux influences de sa Cour quue crée un climat où chacun navigue à vue, est attristante pour plusieurs réalistes au sein du mouvement. En dernier ressort, parmi toutes ces voix critiques, une portion constate cependant que certaines présences engagées dans des initiatives positives ; enseignant une courbe de rédemption du mouvement, révélant que près de 10 % des libéraux traditionnels restent encore carrément alléchés par quelques mesures assez équilibrées orchestrées autour des mandats de Trump.
