Qui est Ilan Sor, l’oligarque prorusse en Moldavie prêt à payer pour des voix ?

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Un paysage politique instable en Moldavie

« La Moldavie est une cible de la Russie » : c’est ce qu’a déclaré l’Élysée, juste avant que le président Emmanuel Macron se rende en Moldavie pour discuter de la situation avec le chancelier allemand et le Premier ministre polonais. Ce pays, ancien territoire soviétique, se trouve à un tournant, à l’aube des élections législatives prévues fin septembre, marquées par une influence russe grandissante.

Depuis quelques années, un homme incarne cette présence du Kremlin en Moldavie : Ilan Sor. Bien qu’il ait fui le pays en 2019 suite à des accusations, il maintient toujours une influence notable malgré l’interdiction de son parti par la Cour constitutionnelle. « On connaît le prix du vote ici » avertit Ulrich Bounat, un expert de la région, soulignant l’importance de Sor dans ce contexte.

Une élection sous haute tension

Pour ces élections, le Bloc électoral patriotique, qui regroupe divers soutiens à Moscou, se rapproche du pouvoir en place, le Parti action et solidarité (PAS), selon les derniers sondages sortis mi-août. Ilan Sor, qui a été maire d’Orhei en 2015 et député par la suite, a connu une descente aux enfers après avoir été condamné pour détournement de fonds d’une somme colossale de un milliard d’euros. Son choix de quitter la Moldavie pour s’établir entre Israël et la Russie, a été dicté par cette situation.

Manipulations et corruptions électorales

Malgré son exil et les sanctions qui pèsent sur lui, Ilan Sor continue d’œuvrer dans l’ombre. Mi-août, il obnubile les réseaux sociaux avec une promesse alléchante : verser jusqu’à 3 000 dollars par mois à ceux qui se joindraient à des manifestations contre le gouvernement. Un montant exorbitant pour un pays dont le salaire moyen ne dépasse pas 751 euros par mois.

D’après Bounat, plusieurs personnalités et enseignants locaux sont impliqués dans son réseau, ce qui complexifie la lutte contre ces ingérences. Par ailleurs, lors du dernier référendum en vue d’une adhésion à l’UE en septembre 2024, les autorités moldaves ont révélé que Sor aurait injecté près de 15 millions de dollars pour soudoyer 130 000 voteurs, dans un pays qui ne compte que 2,6 millions d’habitants !

Politique et affaires : un mélange explosif

En juillet, la présidente moldave Maia Sandu a accusé Ilan Sor d’exploiter le climat d’instabilité pour manœuvrer vers des objectifs politiques en tentant de percer le contrôle russe sur la Moldavie et l’Ukraine. Elle évoque aussi des campagnes de désinformation, des manifestations orchestrées et des manipulations de monuments religieux, soutenues par un budget de 100 millions d’euros.

La raison derrière son investissement en politique est simple : assurer des intérêts économiques en influençant les décisions du pays. « Posséder un parti politique permet de contrôler l’économie et les choix politiques » souligne Bounat, expliquant que ce phénomène ne se limite pas à la Moldavie mais se voit également en Géorgie, Serbie et Hongrie.

Face à une économie moldave parmi les plus fragiles d’Europe, avec une inflation albesiante et une dépendance croissante au gaz russe, la situation politique actuelle semble défavorable au PAS. Cela pourrait bénéfice à l’opposition prorusse et, par ricochet, à Ilan Sor.

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