Depuis qu’il a été condamné, Nicolas Sarkozy bénéficie toujours d’un soutien inattendu de certains médias, qui lui ont permis d’exprimer sa défense souvent farouche. Plusieurs acteurs politiques lui témoignent leur solidarité, allant jusqu’à ce que le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, décide de lui rendre visite en prison. D’ailleurs, Emmanuel Macron, qui est censé être le garant de l’indépendance de la justice, l’a reçu à l’Élysée vendredi.
Suite à l’incarcération de Nicolas Sarkozy : l’ex-juge anticorruption Eric Halphen constate que « les politiques ne reconnaissent jamais les faits qui les accablent ».
Cependant, la justice a déjà prononcé des sanctions pour des actes graves lors du procès libyen, incluant une « association de malfaiteurs » visant à établir des liens de corruption avec un régime autoritaire lié à la mort de 54 Français au cours d’un attentat. Certes, Sarkozy est présumé innocent tant qu’il n’a pas épuisé toutes les voies de recours, mais il semble que la portée de cette première décision judiciaires compte peu. Qui sera dupe de son discours de victime ? Assurément pas les Français, de plus en plus conscient des problèmes de corruption qui touchent le monde politique selonla dernière enquête « Fractures françaises » de l’Ifop.
Il est grand temps de réagir. Cela coule de source à cette heure : l’extrême droite, consciente de son pouvoir, met un point d’honneur à se renforcer. Pour l’instant, le pire a été évité, grâce au Parti socialiste qui a fait « un pari, un pari audacieux », selon les paroles du président de groupe, Boris Vallaud : une ultime chance est accordée à la politique. Pas celle des petits enjeux ou des ambitions égoïstes, mais, à espérer, la vraie politique, celle capable de gagner des victoires fondamentales : la suspension de la réforme des retraites pour engendrer de nouvelles discussions, le respect du choix des citoyens et du Parlement, notamment par l’abandon du 49.3, et un engagement vers une fiscalité plus juste.
Un chemin semé d’embûches, escarpé, à franchir avec prudence
Cette époque qui s’approche est sans précédent. Elle pourrait être l’opportunité que nous attendions. Chaque élément du projet de loi pourrait être débattu, ajusté. Cela sera nécessaire. Parce qu’à cet instant, l’injustice exigée aux plus vulnérables, aux personnes malades et aux chômeurs est totalement inacceptable pour la gauche. Elle doit relever le défi, innover et négocier pour décrocher d’autres avancées. Et se projeter vers l’avenir. « Je suis candidate à l’élection présidentielle », déclare dès maintenant Marine Tondelier, cheffe des Verts, afin non seulement d’éviter que notre pays tombe sous le contrôle de l’extrême droite, mais également de réparer ce qui a été saccagé : les services publics, la démocratie, l’environnement et le lien qui unit les Français… »
Marine Tondelier : « Pourquoi je me pose en candidate pour l’élection présidentielle ? »
La pente que doit emprunter la gauche, avec tous ses désaccords internes, semble étroite, difficile et remplie de sacrifices. Mais elle doit aborder ce parcours avec détermination, en se remémorant les paroles d’Albert Camus, surtout maintenant qu’un film tiré de son roman « L’Étranger » par François Ozon est en salles. « Je suis pour la gauche, malgré moi, et malgré elle », disait déjà cet écrivain et résistant, qui a formulé en 1944 dans « Combat » l’indispensable « réconciliation de la justice avec la liberté ». À ses yeux, la justice disait-il est « un état social où chaque individu obtient toutes ses chances dès le départ, et où la majorité d’un pays n’est pas reléguée à une condition indigne par une minorité privilégiée ». La liberté doit créer « un climat politique où chaque individu est respecté tant pour ce qu’il est que pour ce qu’il exprime ».
Dialogue entre François Ozon et Kamel Daoud : Camus, l’Algérie et la notion d’« Eugène le Gentil ».
Il demeure encore faisable, en France, de défendre tant la justice que la liberté, et d’améliorer la vie de nos concitoyens. Que va-t-il se passer si l’extrême droite ayant vent de la dissolution parvient au commandement ? La tragédie que subit actuellement les États-Unis, où la brutalité et l’arbitraire semblent être sans limites, doit nous alerter sur notre propre chance et sur la nécessité cruciale de la préserver.
