Retraites : un enjeu décisif à l’approche de la rentrée

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Rédigé par Maxence Kagni, le Mardi 22 juillet 2025 à 16:41

La gestion des retraites s’impose comme un sujet central dans l’actualité politique. Dès la rentrée, lors de l’examen du budget de la sécurité sociale, François Bayrou aura la lourde tâche de trouver un terrain d’entente non seulement avec les socialistes, mais aussi avec le Rassemblement national, sous peine de censure de son gouvernement.

Depuis quelques saisons, les rebondissements autour de la réforme des retraites, orchestrée à l’origine par le gouvernement de Borne en 2023, alimentent les débats au sein de l’Assemblée. Les prochains mois s’annoncent chargés, avec de nouvelles discussions en perspectives abordant ces enjeux cruciaux.

La réforme adoptée en 2023

Le texte phare de l’époque, porté par le ministre du Travail d’alors, Olivier Dussopt, impose un recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et allonge la durée de cotisation de 42 à 43 ans d’ici 2035. Principal cible de critiques, elles ne se sont pas fait attendre : syndicats et députés, aussi bien de gauche que du Rassemblement national, puisent dans leurs réserves pour contrecarrer le projet.

Au cour d’une guerre parlementaire intense, Élisabeth Borne a dû recourir à l’article 49.3 pour permettre le vote. Deux motions de censure, à la fois du Rassemblement national et de Liot, échouent mi-mars. En avril 2023, le Conseil constitutionnel donne son feu vert au projet, ajoutant à la tension.

Tentatives d’abrogation de la réforme

Les mois suivants marquent le début des tentatives d’abrogation. Un premier essai par le groupe Liot échoue en juin 2023 à la suite d’affrontements procéduraux acharnés. Fin novembre 2023, un second essai, cette fois-ci par La France insoumise, est jugé inacceptable sur le plan financier par le Bureau de l’Assemblée.

En pleine turbulence, la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin 2024 retarde néanmoins certaines initiatives d’opposition. L’automne suivant, une nouvelle tentative de rejet par le Rassemblement national n’aboutit pas, tout comme un projet d’abrogation proposé par La France insoumise qui fait face à des retards dus aux manœuvres du gouvernement.

Dialogue entre François Bayrou et les socialistes

Face à ces tensions, François Bayrou, en janvier 2025, envoie une lettre aux chefs de groupe socialistes. Son objectif ? Prévenir une éventuelle censure. Il propose d’entamer des négociations désignée en tant que « conclave » sans tabous majeurs, sauf ceux concernant l’équilibre financier.
Si un accord émerge, un projet de loi sera soumis au Parlement. À défaut, un texte intégrant les avancées des discussions sera remis.

Par ailleurs, une mission est donnée à la Cour des comptes pour passer en revue la situation financière du système de retraite. Leurs prévisions annoncent un déficit drastique de l’ordre de 15 milliards d’euros pour 2035 sans mesures correctives.

Le premier vote à l’Assemblée nationale, le 5 juin

Alors que les discussions se poursuivent, les députés communistes intègrent sur la table une proposition de résolution affirmant l’ »impérieuse nécessité d’abroger les mesures les plus régressives » de la réforme de 2023. Cette résolution est largement adoptée, signe d’un désaccord persistant parmi les élus.

L’échec du conclave et la censure socialiste

Fin juin 2025, les ménagements de négociations arrivent à un point mort. François Bayrou souligne néanmoins des retombées positives possibles, notamment pour les femmes ayant eu des enfants. Cependant, le refus des socialistes de voir leurs doléances ignorées pousse ces derniers à déposer une motion de censure, laquelle ne recueille pas assez de soutien.

Vers une rentrée cruciale

Donc l’automne s’annonce flou sur le question des retraites. Lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, le pouvoir exécutif devra faire montre d’habileté. Les tensions sont palpables avec, d’une part, un Rassemblement national insistant pour l’abrogation de la réforme et, d’autre part, des socialistes demandeurs d’un débat spécifique et approfondi.

Sur la table aussi, les pressions internes au gouvernement persistent, avec un groupe Horizons favorisant le développement d’une part de capitalisation. Laurent Wauquiez appelle lui aussi à engager des « réformes structurelles« , provoquant des fragments disparates dans le débat.

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