Les États baltes sont un exemple inspirant pour de nombreux pays dans le monde grâce à leur stratégie énergétique claire, leur a et leur coopération, comme le souligne une tribune écrite par le directeur exécutif de l’AIE et les ministres de l’énergie de la Lituanie, de la Lettonie et de l’Estonie sur Euronews.
Les récents événements mondiaux nous rappellent à quel point l’énergie est au cœur de nos économies et de nos sociétés. Que ce soit l’invasion de l’Ukraine, les tensions au Moyen-Orient ou les pannes d’électricité en Amérique du Sud, ces exemples soulignent la nécessité de garantir la sécurité de nos approvisionnements énergétiques.
C’est dans ce contexte que l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont pris cette année des décisions audacieuses visant à renforcer leur indépendance énergétique, un sujet qui mérite vraiment qu’on s’y attarde.
Jusqu’à aujourd’hui, pendant 65 ans, les réseaux électriques des trois États étaient liés au système russe et biélorussien, ce qui les rendait vulnérables. Mais début 2023, après des années de préparations, ils ont réussi à se dissocier de ce système pour s’intégrer au réseau électrique européen.
Cet exploit prouve que des choix difficiles butin sains peuvent contribuer à une réelle sécurité énergétique, particulièrement dans un monde de tensions géopolitiques croissantes.
Un exemple d’a et de vision
Ce changement ne représente pas seulement un défi technique, mais aussi une victoire significative pour l’ensemble de l’Union européenne. L’alignement des réseaux des États baltes avec ceux de l’Europe assure une meilleure fiabilité de l’approvisionnement électrique pour les foyers, les entreprises, les hôpitaux et les établissements scolaires, renforçant par la même occasion la sécurité nationale et économique de ces pays.
Cela marque également une avancée majeure vers une intégration énergétique plus profonde au sein du marché intérieur de l’UE, objectif que les États baltes poursuivent depuis leur indépendance en 1990.
Vers une véritable indépendance énergétique
Avant cette jonction avec l’Europe, la Russie contrôlait un paramètre critique : la fréquence des systèmes électriques, permettant ainsi d’influencer le fonctionnement des réseaux électriques baltes et les rendant sensibles aux manipulations russes.
Depuis longtemps, les États baltes ont compris qu’il s’agissait d’une menace. Après avoir exprimé leur intention de sortir du système russe en 2007, ils ont travaillé à l’intégration au réseau européenne d’ici 2025.
Au fil des années, ces pays ont mis en place plusieurs mesures stratégiques pour accroître leur autonomie énergétique, intensifiant leurs efforts pour renforcer leur réseau électrique auprès de la Pologne, de la Finlande et de la Suède.
Plus de 40 projets visant à synchroniser leurs systèmes ont été réalisés, y compris l’installation de nouvelles lignes et de capacités de stockage d’électricité.
Lorsque l’armée russe a envahi l’Ukraine au début de 2022, les États baltes ont citéé de manière droite leurs flux d’électricité en provenance de Russie (de 10 à 25 % de leur consommation), ont stoppé immédiatement les importations et ont effectué leur connexion au nouveau réseau européen via la Pologne le 9 février 2025, bien plus tôt que prévu.
Une source d’inspiration pour le monde
Reconfigurer un réseau électrique est un défi de grande envergure, et cette réussite n’est pas uniquement le résultat d’efforts techniques, mais résulte aussi d’une volonté politique claire et d’une vision stratégique durable.
Cela a permis aux gouvernements successifs de garder un cap commun tout en favorisant une collaboration régionale essentielle. La Pologne a joué un rôle central, notamment en fournissant l’infrastructure nécessaire, tandis que l’Union européenne a couvert 75 % des coûts de synchronisation engagés.
Cet exemple de coopération peut inspirer d’autres régions dans le monde, particulièrement en Asie du Sud-Est et ailleurs, à travailler vers une meilleure intégration de leurs propres systèmes électriques.
Aujourd’hui, les États baltes cherchent de nouvelles façons de sécuriser leur infrastructure énergétique, surtout en collaboration avec la Pologne pour protéger leurs installations essentielles récemment menacées.
Un cadre innovant, axé sur quatre priorités – prévention, détection, réponse et réparation – pourrait devenir un modèle pour préserver les infrastructures énergétiques critiques en Europe.
Dans un contexte mondial de plus en plus dangereux, il est primordial de s’y préparer à l’avance face à des événements imprévus qui pourraient surgir.
Grâce à des stratégies réfléchies, une forte volonté politique et l’intensification de la coopération, les États baltes montrent un exemple tangible qui pourrait inspirer d’autres nations à suivre cette voie.
Articulé par Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, en partenariat avec Kaspars Melnis, ministre du Climat de Lettonie, Andres Sutt, ministre de l’Énergie d’Estonie, et Žygimantas Vaičiūnas, ministre de l’Énergie de Lituanie.
