par Andrea Shalal
WASHINGTON (Reuters) – Depuis qu’il a repris ses fonctions en janvier, Donald Trump a l’air de remporter quelques victoires dans sa guerre commerciale mondiale. En fait, il a réussi à contrôler des partenaires commerciaux essentiels des Etats-Unis, tout en instaurant des droits de douane conséquents sur quasiment toutes les importations. Cela a permis une réduction significative du déficit commercial américain, et également engendré des milliards de dollars pour l’administration fédérale, qui en a bien besoin.
Cependant, plusieurs questions émergent, notamment au sujet de la réalisation des engagements d’achats de produits américains et d’investissements surplus envers les États-Unis pris par ses partenaires. À cela s’ajoutent les effets des droits de douane comme l’inflation, la demande et la progression de l’économie américaine.
Lorsque Trump a été investi en janvier, le taux effectif des droits de douane était d’environ 2,5 %. Depuis, cette chiffre a monté à une estimation fluctuante de 17 % à 19 %, et pourrait atteindre près de 20 % bientôt, ce qui marquerait un sommet sur une période d’un siècle.
La nouvelle série de taxes, qualifiées de « réciproques », seront appliquées sur les produits en provenance de nombreux pays à partir de jeudi. Pour l’heure, nos partenaires commerciaux n’ont pas vraiment riposté, ce qui a permis d’éviter une guerre commerciale plus intense sur la scène mondiale.
Les chiffres publiés mardi montrent que le déficit commercial américain a chuté de 16 % en juin, atteignant son plus bas niveau vis-à-vis de la Chine depuis plus de 21 ans.
UN IMPACT ÉCONOMIQUE ?
Bien que les consommateurs américains semblent sortir plus forts que prévu, certaines analyses récentes mettent en lumière l’impact préjudiciable des droits de douane sur l’emploi, la croissance et plusieurs aspects de l’économie.
Josh Lipsky, du think tank Atlantic Council, pose la question : « Que signifie réellement « gagner » ? ». Il attend de voir quels effets auront ces augmentations de droits de douane sur l’économie américaine. Selon lui, bien que Donald Trump ait évité des représailles commerciales, les implications sur les États-Unis pourraient être sérieuses.
D’un point de vue économique, Michael Strain, de l’American Enterprise Institute, observait que les victoires sur les concessions internationales pourraient finalement être sans substance. Il note qu’en fin de compte, ces négociations pourraient se retourner contre l’économie américaine.
Kelly Ann Shaw, une ancienne conseillère commerciale de la Maison Blanche, estime que le bon état de l’économie justifie des actions plus audacieuses en matière de taxes douanières. Cela dit, les effets réels des politiques de Trump demanderont du temps pour se faire ressentir.
IMPACTS ET NOUVELLES TAXES
À ce jour, la Maison Blanche a établi huit accords-cadres avec divers pays, mais c’est encore très en deçà des attentes initiales de « 90 accords en 90 jours ». Ces accords couvrent cependant environ 40 % des échanges commerciaux des États-Unis, et si on intègre le contexte chinois où la taxe est fixée à 30 %, chiffre qui est susceptibles de fluctuer, ça monte en fait à 54 %.
Récemment, Trump a relancé la pression sur l’Inde en doublant les droits de douane à 50 %, et a également annoncé des taxes similaires à 50 % pour le Brésil, pestant contre des situations politiques internes.
Ryan Majerus, avocat spécialisé dans le commerce, souligne que les défis sous-jacents du commerce international pourraient nécessiter des mois, voire des années, avant d’être résolus.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a aussi subi des critiques pour ses accords avec les États-Unis, jugés déséquilibrés. Bien que cela ait permis de réduire les dommages potentiels, certains estiment que cela pourrait s’avérer trop naïf d’un point de vue stratégique.
Un contexte historique appelle à la prudence, et il est fait remarquer que la Chine n’est jamais parvenue à respecter ses engagements dans deal commercial avec Trump. Cela plante, en effet, un précédent lorsqu’il s’agit de s’assurer que les engagements pris par d’autres pays se réalisent réellement.
« Il n’y a encore jamais eu de tests sur ces nouvelles mesures, » conclut Kelly Ann Shaw. Seuls le temps et les actes concrètement mis en œuvre détermineront l’efficacité de cette politique commerciale.
