Ce mardi a été un jour clé pour l’Australie qui a décidé de faire un gros investissement dans sa sécurité. Le pays a signé un accord avec le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries pour acheter 11 frégates furtives, coûtant la coquette somme de six milliards de dollars américains (soit environ 5,2 milliards d’euros). L’achat vise à moderniser la flotte militaire et à mieux se préparer aux potentiels défis posés par la force militaire croissante de la Chine.
Selon Richard Marles, ministre australien de la Défense, ce contrat est sans conteste un point tournant, qualifié de « le plus important accord de défense jamais conclu entre le Japon et l’Australie ». Les nouvelles frégates, qui appartiennent à la classe Mogami, devraient faire leur apparition en Australie d’ici à 2030, en remplacement de la flotte vieillissante de classe Anzac datant des années 90. Attendez-vous à voir ces frégates équipées de missiles à longue portée Tomahawk, capables de frapper depuis de grandes distances.
Une Accord Historique pour le Japon
Ce contrat est la plus grande commande d’exportation d’armement pour le Japon depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Miraculeusement, après des décennies de restrictions strictes sur les exportations d’armes dues à une constitution pacifiste, Tokyo a commencé à assouplir ses règlements en 2024, ouvrant ainsi la voie pour ce type de coopération avec des pays comme l’Australie.
Cette commande marque et renforce la montée en puissance des liens de sécurité entre Canberra et Tokyo. MHI a dû rivaliser avec son concurrent allemand ThyssenKrupp Marine Systems pour obtenir ce contrat, tandis que d’autres groupes étrangers, espérant remporter cette compétition, ont déjà été écartés.
Yoshimasa Hayashi, porte-parole du gouvernement japonais, a exprimé que cet accord témoigne « de la confiance envers l’expertise technologique de notre pays et de l’importance de la coopération entre nos forces d’auto-défense et l’armée australienne ». Il a également mentionné qu’il s’agissait « d’un grand pas vers une coopération de sécurité nationale avec l’Australie, notre partenaire stratégique privilégié ».
Le Projet Aukus
Les plans incluent que les trois premières frégates de la série Mogami soient construites à l’étranger tandis que le restant devra être produit en Australie-Occidentale. Il y a deux ans, l’Australie avait fait un grand bouleversement en abandonnant un projet pluriannuel de sous-marins nucléaires français au profit de sous-marins américains, ce qui avait créé des tensions entre la France et l’Australie.
Cette décision, appelée projet Aukus, lie l’Australie avec les États-Unis et le Royaume-Uni pour contrer l’influence chinoise dans la région Indo-Pacifique. Au programme, la marine australienne prévoit d’acquérir au moins trois sous-marins américains de classe Virginia au cours des 15 prochaines années.
Le coût total engagé par l’Australie dans le cadre de la mise en place du programme militaire Aukus pourrait s’élever à 235 milliards de dollars américains sur les trente prochaines années, une situation qui suscite déjà certaines préoccupations au sein du gouvernement. Piloter l’augmentation progressive des dépenses de défense jusqu’à 2,4 % du PIB, qui est au-dessus de l’objectif de 2 % demandé par les alliés de l’Otan, mais loin des 3,5 % voulus par les Américains, n’est pas non plus une mince affaire.
Les défis pour ces gros projets défenseux sont nombreux, avec des écarts de coûts, des ajustements politiques, et la nécessité de préserver les emplois insérés, parfois au détriment des urgentes nécessités de sécurité nationale.
