Les perspectives de Moody’s sur la France : une note maintenue, mais des inquiétudes politiques

Estimated read time 3 min read

Dans un scénario qui aurait pu être bien pire, ce 24 octobre, Moody’s a annoncé le maintien de la note souveraine de la France à Aa3. Cela dit, la perspective a été revu de « stable » à « négative ». Ce mouvement survient après une série de dégringolades orchestrées par d’autres agences de notation, telles que Fitch et S&P Global, qui, ces dernières semaines, avaient déjà sévèrement revu à la baisse la note de la France.

A titre de rappel, Fitch avait déjà abattu le couperet mi-septembre, réduisant la note de la France de AA- à A+. De même, S&P Global a emboîté le pas tout récemment, affirmant qu’il était temps pour la France de réagir à sa situation, tout comme Morningstar DBRS qui avait peiné à préserver sa position positive.

Des explications compliquées – Précautions nationales

Éric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, s’interroge sur cette pénalité ajoutée à la note. Il souligne en effet que d’autres pays comme l’Espagne ou le Portugal, bien moins notés par Moody’s, affichent des déficits moins préoccupants et une tendance à la baisse de leur dette publique, sans parler d’une croissance plus robuste.

La croissance au ralenti à cause de facteurs politiques

De leur côté, toutes les agences de notation ont mis en avant l’instabilité politique qui secoue la France récemment. Les finances publiques en souffrent terriblement, ce qui paralyse des secteurs essentiels pour l’économie comme la consommation des ménages et les investissements. L’épargne des ménages avait déjà atteint des sommet, plafonnant à 18,9% de leur revenu au second trimestre.

Pour 2024, l’Insee annonce une baisse de 5,6% concernant les investissements des ménages, avec une diminution de 2,4% pour les entreprises. Avec une croissance estimée à seulement 0,7% cette année et à 1% d’ici 2026, tout semble se gâter.

De plus, Moody’s a déjà averti, il y a quelques mois, que tout retour sur les réformes engagées depuis 2017 pourrait nuire à la notation, affirmant que cela risquerait de porter des effets néfastes sur le potentiel de croissance de la France à long terme. N’oublions pas que la réforme des retraites est maintenant gelée jusqu’en 2028, espérant maintenir l’équilibre budgétaire.

Un futur budgétaire incertain pour 2026

Malgré cette posture, la France doit rester vigilant car rien n’assure que le budget de 2026, actuellement en discussion au Parlement, sera adopté. Si cela devait être le cas, est-ce que son contenu suffira vraiment à rendre les comptes publics sains ?

Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, a mis en garde que le budget doit viser un déficit public « en dessous de 5% » du PIB l’année prochaine. Pourtant, les débuts des négociations budgétaires ne semblent pas aller dans ce sens. La commission des Finances a même rejeté une partie des recettes du projet de loi dans la nuit, et cela a nécessité de réduire en conséquence les dépenses pour éviter d’aggraver le déficit prévu.

Enfin, Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, a aussi brandi un ultimatum au gouvernement : sans progrès significatif sur le budget, notamment concernant les taxes des plus riches, le PS n’hésitera pas à voter la censure du gouvernement. Une décision qui pourrait plonger la France un peu plus dans la tourmente politique.

Related Posts: